thème : répression
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jeudi 5 avril 2012 à 20h30

Projection débat "À l'ombre de la république" - prisons

Séance organisée avec l'association Espérer 95 sera suivie d'un débat avec

  • Stéphane Mercurio, réalisatrice du film,
  • Etienne Noël, avocat pénaliste à Rouen, spécialiste du droit en prison,
  • François BES, coordinateur interrégional de la section française de l'Observatoire international des prisons.

À l'ombre de la république

documentaire de Stéphane MERCURIO - France 2011 1h30mn -

À L'OMBRE DE LA RÉPUBLIQUE

« Le pire des malheurs en prison c'est de ne pouvoir fermer sa porte. » Stendhal

C'est une plongée exceptionnelle et passionnante dans des territoires inexplorés par les caméras, et où règnent trop souvent des zones de non-droit. Ces lieux d'enfermement où l'on exclut de la société ceux dont on estime qu'ils représentent un danger pour autrui et/ou qui doivent payer leur dette pour les délits ou crimes qu'ils ont commis.

En 2008, un Contrôleur Général des lieux privatifs de liberté, indépendant et irrévocable, a été nommé pour 6 ans. Sa mission : inspecter, avec l'aide de bénévoles (souvent retraités de la magistrature ou du secteur social), prisons, hôpitaux psychiatriques, centres éducatifs fermés, centres de rétention, dépôts des tribunaux, locaux de garde à vue, etc… Il fait des constatations objectives sur l'espace vital de chaque détenu ou malade à l'intérieur de la cellule ou de la chambre, sur la salubrité, mais il recueille aussi la parole des professionnels aussi bien que des prisonniers ou malades. En 2010, pour témoigner de son travail et de l'état des lieux, le Contrôleur Général autorise une équipe de tournage à l'accompagner, de la maison d'arrêt des femmes de Versailles à l'hôpital psychiatrique d'Evreux en passant par la Centrale de l'Ile de Ré ou la prison flambant neuve de Bourg en Bresse. Pas de tournage dans les Centres de Rétention : le ministère de l'intérieur a refusé l'autorisation…

C'est à la réalisatrice Stéphane Mercurio qu'est confiée la tâche. Ce n'est pas un hasard, puisqu'elle avait réalisé le splendide A côté, documentaire « hors les murs », évoquant la prison à travers l'expérience des familles des détenus de la prison de Rennes qui transitaient par un lieu d'accueil avant de se rendre au parloir.

La force extraordinaire du film est de ne pas chercher à connaître le parcours des malades et des prisonniers avant leur enfermement, et donc de ne jamais porter de jugement ni de différenciation sur les raisons qui les ont amenés là. Mais de s'attarder aux petites et grandes choses de la vie à l'intérieur : l'injustice du travail à l'atelier, parfois valorisant pour quelques privilégiés mais ingrat et rémunéré une misère pour les autres, les privations absurdes comme ce malade pleurant parce qu'on lui retire systématiquement son dessert sous prétexte qu'il n'aime pas les entrées, le manque des enfants pour cette femme de Versailles qui préfère refuser les parloirs plutôt que de pleurer des heures quand ses mômes s'en vont. Et puis il y a cette approche du temps pour ces détenus longues peines de l'île de Ré, incroyables de lucidité, de sagesse acquise au fil des années, qui savent que leur vie s'achèvera probablement derrière les murs du pénitencier. La caméra filme admirablement les espaces clos (superbe travail de photographie) tout en laissant le temps à la parole enfin libérée.

Lien : https://paris.demosphere.net/rv/21090
Source : http://www.cinemas-utopia.org/saintouen/index...