thème : écologie
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mardi 13 mars 2012 à 20h30

Projection débat "La terre outragée"

Avant-première exceptionnelle à l'occasion du triste premier anniversaire de la catastrophe de Fukushima ;

A l'initiative d'Europe Ecologie - les Verts et avec le soutien du Parti de Gauche, du NPA, d'Attac.

Après la projection du film "la terre outragée", le débat sera animé par :

  • Marc Denis du Groupement de Scientifiques pour l'Information sur l'Energie Nucléaire. A ce titre et par décision ministérielle, il siège au Réseau National de Mesures de la Radioactivité dans l'Environnement et au Conseil Supérieur pour la prévention des Risques Technologiques.
  • Laure Noualhat, journaliste à la page « Terre » au quotidien « Libération ». Elle est l'auteure du livre « Déchets : le cauchemar du nucléaire » paru en 2009 aux éditions « Le Seuil ». Elle et a co-réalisé pour ARTE le documentaire « Déchets : le cauchemar du nucléaire ».

Lien : https://paris.demosphere.net/rv/20347
Source : http://www.cinemas-utopia.org/saintouen/index
Source : message reçu le 28 février 21h


La terre outragée

Film de Michale BOGANIM - Ukraine 2011 1h48mn VOSTF

avec Olga Kurylenko, Andrzej Chyra, Ilya Iosifov, Sergeï Strelnikov... Scénario de Michale Boganim, Antoine Lacomblez et Anne Weil. Prix du Public, Festival Premiers Plans d'Angers 2012.

http://a34.idata.over-blog.com/441x600/3/90/58/51/evenements/Film/LA-TERRE-OUTRAGEE-.jpg

LA TERRE OUTRAGÉE

Il faut de grands cinéastes pour parvenir à transcrire en images l'indicible, l'innommable. Les génocides, les catastrophes naturelles… Comment rendre compte d'une expérience dont on peut penser que seuls ceux qui l'ont vécue peuvent réellement la comprendre ? D'autant plus difficile quand la mort et l'horreur sont invisibles, n'ont ni le visage des monstres génocidaires ni la présence physique des éléments de la nature déchaînée. Depuis le 26 Avril 1986, depuis que l'un des réacteurs d'une centrale nucléaire d'Ukraine a explosé, semant la mort et la maladie pour des décennies, voire des siècles, on sait que le nucléaire civil - dont la méthode Coué officielle nous rabâche pourtant que c'est une énergie propre et sûre - peut apporter la désolation et marquer plusieurs générations. De la catastrophe ukrainienne, on connaît quelques documentaires, relatant le sacrifice des « liquidateurs », ces pompiers héroïques qui payèrent de leur vie le colmatage du réacteur, ou encore les conséquences terribles pour les survivants (en particulier les malformations congénitales des nouveaux nés). Mais souvent la fiction, nourrie par une solide une approche documentaire, est plus juste et forte pour raconter le réel, et La Terre outragée, première fiction qui se coltine le drame de Tchernobyl, le prouve magnifiquement.

Dans la première partie du film, on est plongé dans une ambiance toute de douceur et de joie de vivre. Nous sommes à Pripiat, la ville construite à quelques kilomètres de la centrale, une ville qui respire l'enthousiasme d'ouvriers persuadés qu'ils œuvrent par leur travail à l'électrification de l'Union donc au bien-être collectif. A quelques jours du 1er Mai, dans une ambiance de fête, le petit Valery et son père Alexeï, ingénieur à la centrale, plantent un pommier, espoir d'une vie fructueuse pour tous. La belle Anya s'apprête à célébrer, au bord d'un lac charmant, son mariage avec l'amour de sa vie, le beau Piotr, pompier de son état. Mais soudain on sent poindre l'inexplicable : les animaux des fermes alentour semblent vouloir fuir coûte que coûte, les feuilles des arbres à peine dessèchent, les poissons du lac flottent à la surface par centaines… Et peu à peu la rumeur court : il y a eu un accident à la centrale et la vie bascule en quelques heures sans qu'aucune information précise ne soit donnée. Des hélicoptères de l'armée se posent en catastrophe, en débarquent des hommes habillés en cyborgs qui abattent systématiquement les animaux et brûlent au lance-flammes les cultures. Des familles entières sont embarquées dans des bus, sans nouvelles de leurs proches travaillant à la centrale.

Si la description des quelques jours entourant la catastrophe est impressionnante, le film va s'attacher avant tout à la vie, ou plutôt la survie de quelques uns des personnages, 10 ans après, quand Prypiat est devenue une ville fantôme sous protection militaire, qui fait l'objet de visites quotidiennes de touristes sous haute surveillance… Anya, devenue veuve le jour même de son mariage, est maintenant guide au cœur du sinistre Disneyland nucléaire, auquel la caméra de Michale Bonganim donne une extraordinaire réalité, qui fait froid dans le dos. Valéry, arraché à son père disparu, rendu quasi-fou de culpabilité pour ne pas avoir alerté la population, cherche désespérément les traces de son enfance heureuse et de son pommier irrémédiablement irradié. La Terre outragée interroge l'intime de ces survivants, leur ressort pour retrouver goût à la vie, mais aussi leur incapacité à fuir ce passé pour tenter de trouver ailleurs le bonheur. Unis par une morbide fraternité, ils ne peuvent se reconstruire qu'entre eux et à proximité de cette terre maudite, mais à laquelle ils sont définitivement liés. Et le personnage d'Anya, magnifiquement incarné par Olga Kurylenko, en est l'emblème.

Un an après Fukushima, La Terre outragée, qui rafle tous les prix du public dans les festivals où il est programmé, est un bouleversant hommage à ceux qui vivront à jamais avec l'horreur nucléaire.

Source : http://www.cinemas-utopia.org/saintouen/index...