samedi 10 mars 2012 à 17h
Le mouvement anticolonial et anti-imperialiste en France 1956 - 1976
https://paris.demosphere.net/rv/19917
Rencontre avec Christoph Kalter auteur de Die Entdeckung der Dritten Welt Dekolonisierung und neue radikale Linke in Frankreich, qui notamment retrace l'activité du Cedetim durant la période 1967 - 1976.
Lien : https://paris.demosphere.net/rv/19917
Source : http://www.reseau-ipam.org/spip.php?rubrique8
Source : message reçu le 17 janvier 16h
La découverte du tiers-monde.
Décolonisation et nouvelle gauche radicale en France
L'auteur :
Pour sa thèse de doctorat, écrit au Centre de recherche sur l'histoire du temps présent à Potsdam, Allemagne, Christoph Kalter a conduit, en 2007 et 2008, une vingtaine d'interviews avec des acteurs de l'époque étudiée, parmi eux bon nombre de (ex-)militants du Cedetim. En outre, il a consulté plusieurs archives, dont celles du Cedetim. Depuis 2011, Christoph Kalter est assistant de recherche à l'Université Libre de Berlin.
Quatrième de couverture (traduction approximative)
Au cours des « années 68 », dans le contexte de la guerre froide et des décolonisations, le concept du « tiers monde » fut répandu à travers le globe entier. En France, il était également central pour des groupes situés à la gauche de l'échiquier politique et se distinguant de leurs concurrents de la gauche « classique » par un anticolonialisme radical. Ces groupes et ces militants soutenaient le FLN, protestaient contre la guerre du Vietnam et se solidarisaient avec les « travailleurs immigrés » en France. Christoph Kalter analyse cette nouvelle gauche radicale et sa façon particulière de concevoir le (tiers) monde comme arène de forces révolutionnaires dynamiques. En ce faisant, il porte un nouveau regard sur la dimension postcoloniale des mouvements soixante-huitard et démontre comment la fin des empires en Asie et Afrique changeait aussi les sociétés métropolitaines.
La thèse de doctorat qui est à la base du livre a été récompensée par le prix d'histoire Walter Markov 2011, décerné par le ENIUGH (European Network in Universal and Global History).
Résumé du livre
En s'intéressant à l'essor du concept de "tiers-monde" et à la fonction que lui ont conférée des intellectuels de gauche en France entre les années 1950 et 1970, cette thèse de doctorat contribue à l'histoire politique et culturelle de la décolonisation ainsi qu'à celle de la gauche politique des années qui ont précédé et suivi Mai 68.
La « nouvelle gauche radicale » a émergé à partir de 1956 de la double crise du colonialisme d'un côté, du stalinisme et de la social-démocratie de l'autre. La présente étude analyse l'histoire entrecroisée de cette gauche et du concept du tiers-monde et se concentre ainsi sur les répercussions de la fin des empires sur la société française. En s'interrogeant de la sorte sur l'interpénétration des espaces « métropolitains » et « périphériques », elle participe du renouveau de l'histoire coloniale entamé depuis une dizaine d'années.
Dans ce cadre, l'analyse porte aussi sur l'émergence d'une « conscience globale » spécifique à la nouvelle gauche radicale. En effet, cette gauche pensait la planète comme un système intégré : elle concevait l'interdépendance constitutive du monde d'après-guerre comme fondement d'une politique locale - non seulement possible, mais aussi nécessaire - qui favoriserait la Révolution globale.
Dans le contexte d'une circulation accrue des hommes, des objets, des textes et des images après 1945, de telles représentations du monde ont été soutenues par des expériences au quotidien des intellectuels et des activistes de gauche dans la société française (post-)coloniale.
Après une introduction circonstanciée, l'auteur commence par examiner la façon dont la nouvelle gauche radicale s'est servie du national-socialisme et de la Résistance pour élaborer le cadre interprétatif qui fonde son anticolonialisme et sa politique mémorielle pendant les guerres d'Algérie et du Vietnam et lors de Mai 68.
Le chapitre suivant présente Partisans, une revue des Editions Maspero qui s'est en grande partie consacrée aux problèmes du tiers-monde. L'auteur décrit Partisans, qui a paru entre 1961 et 1972, comme un projet transnational de militants radicaux et d'intellectuels opposés à l'eurocentrisme. Il détaille les diverses étapes de l'itinéraire de la revue et les principaux axes de son discours sur le tiers-monde.
A travers l'exemple de l'association Cedetim (Centre socialiste d'études et de documentation sur le tiers-monde, fondé en 1967), le chapitre suivant expose les références multiples au concept du tiers-monde dans les pratiques des militants de la gauche radicale après Mai 68. En se focalisant sur les acteurs concrets, leurs perceptions et leurs actions dans des domaines tels que la politique de coopération ou la mobilisation des « travailleurs immigrés », ce chapitre analyse les articulations complexes entre leurs projets politiques globaux et leur positionnement local.
La conclusion résume l'histoire de la nouvelle gauche radicale en l'intégrant dans des contextes spatio-temporels plus vastes : la solidarité internationale et les mouvements de soutien au tiers-monde des années 1970, la critique et les mouvements altermondialistes des années 1990, ainsi que les débats sur le « post-colonialisme » qui ont cours depuis les années 1980.
Le livre
Christoph Kalter, Die Entdeckung der Dritten Welt. Dekolonisierung und neue radikale Linke in Frankreich, Frankfurt/M. (Campus) 2011, 567p., 45,00 €. (= Collection "Globalgeschichte" ; 9)
La couverture du livre ainsi que la table des matières et une partie de l'introduction peuvent être consultés à l'adresse suivante :
http://www.campus.de/isbn/9783593394800
Voir aussi : Présentation pour francophone : http://www.campus.de/isbn/9783593394800