vendredi 14 octobre 2011 à 13h30
Incendie du centre de rétention de Vincennes
le procès en appel
https://paris.demosphere.net/rv/18572
Le 21 juin 2008, Salem Souli, un sans-papiers enfermé au centre de rétention de Vincennes, meurt faute de soin. Le lendemain une révolte éclate qui réduit en cendres la plus grande prison pour sans-papiers de France. Cette révolte fait suite à plusieurs mois de lutte à l'intérieur (grèves de la faim, refus d'être comptés, manifestations, départs de feu…). Par la suite, 10 personnes parmi les 270 retenues dans le centre au moment de l'incendie sont arrêtées et emprisonnées pendant plusieurs mois avant d'être jugées. Elles sont condamnées en mars 2010 à des peines allant de 8 mois à 3 ans de prison ferme. Elles font alors appel de cette décision. Un nouveau procès aura lieu à partir du jeudi 6 octobre 2011. En attendant, leur liberté est à la merci de la machine judiciaire.
En première instance, le procès s'est déroulé entre personnes de connivence, juges, avocats de l'État, procureur. Toutes les demandes d'informations complémentaires ayant été rejetées, les avocats des mis en examen ont estimé que les droits de la défense n'étaient pas garantis et se sont retirés. Là encore, lors des audiences préliminaires du procès en appel, la majeure partie de ces demandes, telles celle concernant la mort de Salem Souli, ont été refusées.
Sans doute s'agit-il de faire payer cette petite bouffée d'air grâce à laquelle, durant l'été 2008, plusieurs centaines de personnes sans-papiers ont échappé à l'expulsion et à l'enfermement. En effet 280 places de rétention en moins c'est concrètement moins de rafles et d'arrestations.
Pour expulser toujours plus, l'État a besoin de toujours plus de places en centre de rétention : au début des années 2000, un programme de construction de nouveaux centres partout en France a permis de multiplier le nombre de places. Ainsi, le 1er août dernier a ouvert au Mesnil-Amelot le plus grand centre de rétention de France, où 240 personnes pourront être enfermées. Avec ce programme de construction, l'État s'est donné les moyens d'allonger la durée d'enfermement : avec la loi Besson entrée en vigueur en juillet 2011, le temps de rétention est passé de 32 à 45 jours, ce qui laisse plus de temps aux préfectures pour organiser les expulsions; plus de temps à attendre, enfermé, puni pour ne pas avoir les bons papiers.
Mais l'incendie du centre de Vincennes n'est pas un cas isolé ni exceptionnel. Entre les murs de ces centres ont lieu chaque jour des actes de résistances individuels ou collectifs, des révoltes, qui parviennent parfois à entraver la bonne marche des expulsions. Ainsi, en mars 2011, le centre de rétention du Canet à Marseille a partiellement brûlé et est resté fermé pendant plusieurs mois. En juillet dernier, 5 départs de feu simultanés se sont déclarés au centre de Lyon Saint-Exupéry, entraînant sa fermeture.
Pour chacune des révoltes nuisant à l'un des rouages de la machine à expulser, l'État doit trouver des coupables. Ainsi à Bordeaux, 2 personnes purgent une peine de 3 et 5 ans, à Marseille, 4 personnes ont été incarcérées et à Lyon, 4 personnes sont actuellement en attente de leurs procès derrière les barreaux.
Pour tenter d'endiguer ces révoltes, l'architecture des nouveaux centres a été conçue pour faciliter l'isolement et la surveillance des personnes enfermées (petites unités, nombreuses caméras...). Mais quelle que soit la forme que prend la prison, la volonté de ceux et celles qui y sont enfermés sera toujours d'en sortir.
Le procès en appel de l'incendie du centre de rétention de Vincennes aura donc lieu tous les jeudis et vendredis après-midi du 6 octobre au 4 novembre 2011.
Ce procès sera sans doute anodin pour la justice mais, les personnes qui comparaîtront y risqueront, elles, leur liberté. Pour nous, ce doit être l'occasion de montrer notre solidarité, mais aussi de rappeler le rôle des centres de rétention, des frontières, des prisons, et la nécessité de les faire disparaître.
Relaxe des inculpés !
Fermeture des centres de rétention !
Liberté pour tous et toutes !
Cour d'appel de Paris, Pôle 2, chambre 9
Collectif de solidarité avec les inculpés de Vincennes
libe rte-sans -retenue@riseup. net
Lien : https://paris.demosphere.net/rv/18572
Source : message reçu le 21 septembre 08h
Source : message reçu sur la liste RESF-75 le 19 septembre 15h
Source : message reçu le 20 septembre 14h
Incendie du camp de rétention de Vincennes
En mars 2010 les dix inculpés de l'incendie du camp de rétention de Vincennes (22 juin 2008) étaient condamnés à des peines allant de huit mois à trois ans de prison ferme. Six ont fait appel. *Nouveau procès du 6 octobre au 4 novembre tous les jeudi et vendredi - Cour d'appel du tribunal de grande instance de Paris - Métro Cité.* La lutte continue.
Source : liste de diffusion Resistons Ensemble, reçu le 8 septembre 19h
Centre de rétention administrative (Cra) :
dénis de droits et dangers de mort ?
Communiqué LDH :
Le 6 octobre prochain à 13h30, les prétendus auteurs de l'incendie du 22 juin 2008 au centre de rétention administrative (Cra) de Vincennes seront rejugés devant la cour d'appel de Paris pour leur condamnation à des peines allant de douze à trente-six mois d'emprisonnement.
Cet incendie était intervenu après des mois de tensions consécutives au décès de Mohamed Souli, victime officiellement d'une asphyxie liée à une détresse respiratoire aiguë. Mais ces mots ne peuvent cacher le terrible enchaînement des faits dû à l'extrême violence provoquée non seulement par l'existence même de centres extra-judiciaires d'internement, mais aussi par leur fonctionnement sous forte contrainte.
En continuité avec une instruction qui avait été menée exclusivement à charge, toutes les demandes d'investigation ayant été rejetées par le magistrat instructeur, les audiences devant la 16e chambre correctionnelle de Paris avaient connu de nombreux incidents. Le déroulement de l'audience n'avait pas été marqué par son caractère impartial et équitable et le tribunal avait refusé toutes les demandes de la défense, cherchant avant tout à faire condamner une révolte collective. L'accumulation, dès l'instruction, de mesures ou d'abstentions préjudiciables aux droits des mis en examen, les violations des règles de procédure constatées, la publicité restreinte des débats et l'impossibilité dans laquelle fut mise la défense de remplir sa mission amenaient à s'interroger sur les objectifs réels de ce procès : s'agissait-il de rechercher la vérité ou de cautionner à toute force le fonctionnement d'un centre de rétention qui avait fait l'objet de lourdes et justifiées critiques ?
Pour marquer leur opposition, les prévenus et leurs avocats s'étaient retirés des débats et avaient fait appel des décisions. A partir du 6 octobre, lors des audiences, de nombreux témoins, dont Jean-Pierre Dubois, président de la Ligue des droits de l'Homme lors des faits, viendront exposer la réalité des centres de rétention administrative et les dangers qu'ils recèlent pour les personnes retenues et pour leurs droits.
La Ligue des droits de l'Homme réaffirme son opposition à l'existence même des centres de rétention administrative. Elle en demande la fermeture pour éviter de voir se poursuivre à Vincennes, au Mesnil-Amelot - ou vient de s'ouvrir le plus grand Cra de France comprenant de plus un quartier spécialisé dans l'accueil illégal d'enfants - ou ailleurs tensions et violences, dénis de droits et dangers de mort. C'est à cela que mène la politique du chiffre du gouvernement. C'est à cela que la LDH oppose le principe de la solidarité, la nécessite de l'accueil et l'urgence de la régularisation.