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jeudi 17 novembre 2011 à 15h

Séminaire :

Femmes, genre et mobilisations collectives en Afrique

Organisé à l'Université Paris I Panthéon-Sorbonne

Par

Les séances mensuelles se tiendront alternativement au

  • CRPS-CESSP (14 rue Cujas, 75005 Paris, Salle CRPS, escalier N, 3e étage) et
  • CEMAf (9 rue Malher, 75004 Paris, Salle Person)

Avec l'appui du CRPS-CESSP, du CEMAf et du Collège des Ecoles Doctorales de l'Université Paris I Panthéon-Sorbonne


17 Novembre 2011. 15h-17h. CEMAf (9 rue Malher, 75004 Paris)

Résistances à la colonisation et luttes nationalistes et/ou indépendantistes

Propos liminaire d'Odile Goerg (Professeure en Histoire, Université Paris 7, Sedet)

« Que veut dire se mobiliser quand on est femme en Afrique ? »

Séverine Awenengo Dalberto (Chargée de Recherche CNRS, Paris 1, CEMAf)

« L'injonction au genre. A propos des mobilisations de femmes contre l'ordre colonial en Casamance (fin 19e siècle - années 1940) »

Céline Pauthier (Doctorante en Histoire, Université Paris 7, Sedet)

« Les femmes et le PDG-RDA : à l'avant-garde du mouvement nationaliste en Guinée »

Discutant : Fabrice Virgili (Directeur de Recherche CNRS, Paris 1, IRICE)

15 Décembre 2011. 15h-17h. CRPS (14 rue Cujas, 75005 Paris)

Mouvements religieux et politiques du voile

Marie Brossier (Docteure en Science Politique, CRPS, ATER à l'Université Lille 2, CERAPS)

« Représentations, pratiques et mobilisations autour du voile au Sénégal »

Silvia Bruzzi (Docteure en Histoire, Post-doctorante à l'Université de Bologne)

« Autorités féminines et musulmanes face à l'occupation coloniale en Erythrée et au Soudan »

Discutant : Franck Fregosi (Chargé de recherche au Centre National de Recherche Scientifique, unité PRISME, Université Robert Schuman, Strasbourg)

27 Janvier 2012. 15h-17h. CEMAf (9 rue Malher, 75004 Paris)

Engagement et militantisme associatifs

Yasmine Berriane (Docteure en Science Politique, Post‐doctorante au ZMO-BGSMCS, Berlin)

« Femmes et associations de quartier au Maroc: quelle (re)négociation des rapports de genre? »

Marième Ndiaye (Doctorante en science politique, Sciences Po Bordeaux, LAM)

« L'AJS (Association des Juristes Sénégalaises) : branche féminine du barreau ou militantes de la cause des femmes? »

Discutante: Elisabeth Marteu (Docteure en Science Politique, Sciences Po Paris)

9 Février 2012. 15h-17h. CRPS (14 rue Cujas, 75005 Paris)

Engagement politique et partisan

Pascale Barthélémy (MCF en Histoire, ENS de Lyon, LARHRA, Institut Universitaire de France)

« Engagées et/ou encartées : les femmes et les partis politiques au Sénégal lors du débat sur le droit de vote en 1945 »

Discutante : Catherine Achin (Professeure en Science Politique, Paris 8, UPEC, CSU & Largotec)

22 Mars 2012. 15h-17h. CEMAf (9 rue Malher, 75004 Paris)

Répertoires et modes d'action

Emmanuelle Bouilly (Doctorante en Science Politique, Paris 1, CRPS)

« Mobiliser sans protester. Actions non-protestataires, techniques d'enrôlement et répertoires de mobilisation développés par les leaders associatives au Sénégal »

Natacha Fillippi (Doctorante en Histoire, Université d'Oxford, African Studies Centre)

« Révoltes de prisonnières sud-africaines : Pollsmoor, 1994 »

Discutant : Nicolas Mariot (Chargé de Recherche CNRS, Université Jules Verne, CURAPP)

12 Avril 2012. 15h-17h. CRPS (14 rue Cujas, 75005 Paris)

Carrières et trajectoires féminines

Johanna Siméant (Professeure en Science Politique, Paris 1, CESSP‐CRPS, Institut Universitaire de France)

« Deux carrières féminines de leaders de la "société civile" au Mali : notes sur les formes du capital politique »

Margaux Herman (Doctorante en Histoire, Paris 1, CEMAf)

"Sabla Wangel, le parcours atypique d'une reine éthiopienne comme modèle du statut de la reine mère en création"

Discutant : Jean-Hervé Jézéquel (MCF en Histoire, Université Bordeaux IV, Centre des mondes modernes et Contemporains)

Fin Avril 2012

Discussion des travaux d'étudiants en M2 de science politique et d'histoire de Paris 1

24 Mai 2012. 15h-17h. CEMAf (9 rue Malher, 75004 Paris)

Mobilisations et politiques publiques

Julie Castro (Doctorante en Santé, Populations, Politiques sociales, EHESS, IRIS)

« "Femmes libres" ou "professionnelles du sexe" ? Généalogies et ambigüités des mobilisations autour de la prostitution dans le Mali contemporain »

Aurélie Latourès (Docteure en Science Politique, Sciences Po Bordeaux, LAM)

« Émergence des mutilations sexuelles féminines dans le champ politique au Mali et au Kenya. Une lutte inachevée pour les droits des femmes et l'égalité »

Elise Demange (Docteure en Science Politique, Post-doctorante à l'INSERM-IRD, Université de la Méditerranée)

« "Be man", "Not even sugar daddies can stop her". De l'abstinence sexuelle à la réflexion sur l'identité de genre dans la politique ougandaise de prévention du VIH »

Discutante : Anne Hugon (MCF en Histoire, Université Paris 1, CEMAf)

14 Juin 2012. 15h-17h. CRPS (14 rue Cujas, 75005 Paris)

Masculinités

Christophe Broqua (Chercheur en Socio‐anthropologie, SOPHIAPOL-LASCO)

« L'enjeu du genre au sein des mobilisations homosexuelles en Afrique de l'Ouest francophone »

Discutant : Thomas Fouquet (Docteur en Anthropologie, CEAF, EHESS)


Argumentaire

Depuis les années 1970, les recherches portant sur la place des femmes dans les mouvements sociaux puis sur les mouvements sociaux sexués[i] se sont multipliées[ii]. Celles-ci se sont focalisées en grande partie sur les espaces européens et nord-américains. A la faveur des subaltern et post-colonial studies, mais aussi de l'engagement de militant-e-s féministes et de chercheur-e-s, des réflexions similaires ont été menées sur l'Amérique du Sud et l'Asie[iii]. S'agissant de l'Afrique, ces problématiques restent encore trop peu étudiées et les travaux existant demeurent confidentiels, en dépit de leur qualité et de leur intérêt scientifique[iv].

C'est pourquoi, il nous semble utile d'organiser un séminaire annuel consacré aux « Femmes, genre et mobilisations collectives en Afrique ». Ce séminaire interdisciplinaire poursuit trois objectifs : documenter les multiples mobilisations de femmes africaines et mouvements sociaux sexués et ainsi enrichir les travaux actuels à partir d'études de cas propres au continent africain ; mener un travail épistémologique et historiographique sur l'usage du genre comme « catégorie d'analyse »[v] dans l'étude des mobilisations collectives ; souligner la dimension heuristique d'une approche comparée qui confronte les travaux en histoire, en sociologie et en science politique.

Ce séminaire entend ainsi étudier les mobilisations de femmes et saisir les dimensions genrées des mouvements mixtes - sans d'ailleurs que soit occultée l'articulation avec d'autres rapports de pouvoir (race, classe, âge etc.) et la singularité des expériences féminines contrairement à une vision parfois essentialisante de la femme africaine. Les intervenant-e-s de ce séminaire s'attacheront dès lors à analyser les conditions de possibilité et d'émergence de luttes investies par des femmes - qu'elles soient féministes ou non, mixtes ou non- , les formes d'engagement et les disponibilités biographiques, les conditions de la participation des femmes et la division du travail militant, les conséquences biographiques de l'engagement et du militantisme, les modes de militantisme et de protestation, l'environnement sociopolitique des mobilisations.

Les réflexions entreprises à partir du continent africain recèlent un enjeu fondamental pour une sociologie de l'action collective en voie de « routinisation »[vi] : celui même de réinterroger et d'enrichir les outils conceptuels forgés à partir d'exemples occidentaux et de tester, par conséquent, le profit de cette circulation (ou « exportabilité ») en les confrontant à des logiques socio-historiques et réalités sociales différentes.

Les mobilisations de femmes en Afrique seront l'occasion de discuter de ces enjeux à partir de cinq axes :

- Penser le genre comme une ressource et une contrainte dans le processus des luttes et mobilisations : registres de légitimation/délégitimation (maternel/maternant des agendas, essentialisation de « la Femme africaine »[vii], dispute sur l'endossement du caractère féminin ou féministe d'une cause etc.), manipulation et réappropriation des cadres et agendas[viii], « dispositifs de sensibilisation »[ix], reproduction ou renversement des rapports de pouvoir dans l'exercice du leadership ou dans l'action.

- Restituer les carrières militantes et les conséquences biographiques de l'engagement : disponibilité biographiques et capitaux (social, militant etc.), mise en cohérence des identités et négociation de l'accès au militantisme (soutien ou réticence familiale et impératifs sociaux, conciliation des charges domestiques et de l'activité militante etc.), « analyse processuelle de l'engagement et du désengagement »[x] ; technologies du recrutement militant ; héritages et transmissions genrés ou non de la mémoire militante individuelle et collective.

- Considérer les mobilisations dans l'espace de la cause des femmes[xi] et les champs militant et politique : analyser les alliances et conflits qui s'y déploient, la fluctuation des interactions en lien avec les contextes de déploiement et les structures d'opportunités. Ici, la « dimension internationale et transnationale des causes africaines »[xii] mérite d'être soulignée.

- Penser les modes et les lieux non-institutionnalisés d'action collective : résistances au quotidien ou formes plus labiles et résilientes de mobilisation[xiii] (répertoire d'actions non-confrontatives, festives etc.), lieux et réseaux de sociabilité féminine, et leur rôle dans l'émergence ou le repli de mouvements sociaux (exemple des self-help, mutuelles ou tontines, rôle des bridge leaders[xiv] etc.). Habituellement invisibilisés car considérés comme apolitiques ou dépolitisants, il convient d'envisager le rôle de ces lieux et modes d'organisation dans les processus individuel et collectif de politisation et les cycles de mobilisation (quid du processus de passage entre formes de résistance et action protestataire, quid du rapport au politique de ces modes d'action, quid des divisions parfois stériles entre espace domestique et espace public).

- Ne pas oublier la dimension conservatrice des mobilisations : les chercheur-e-s ont parfois privilégié l'étude des actions progressistes, voire « révolutionnaires ». Pourtant, la dimension conservatrice de certaines mobilisations, qu'elle soit réelle ou instrumentalisée par leurs membres, alliés ou adversaires est tout aussi centrale. Les discours portant sur les « valeurs morales », la « place de la femme », ou la définition des masculinités et des féminités informent sur les transformations sociales et politiques en cours (débats sur l'abolition des mutilations génitales, sur les réformes des codes de la personne ou de la famille, sur les projets nationalistes etc.).


[i] KERGOAT Danièle, IMBERT Françoise, LE DOARE Hélène, et SENOTIER Danièle, Les Infirmières et leur coordination.1988-1989, Paris, Lamarre, 1992

[ii] McADAM Doug, "Gender as a Mediator of the Activist Experience: The Case of Freedom Summer", in The American Journal of Sociology, vol. 97, n° 5, 1992, pp. 1211-1240 ; CLIO, "Résistances et Libérations. France 1940-1945", n°1, 1995 ; Cahiers du GEDISST , « Hommes et femmes dans le mouvement social, » vol.18, 1997 ; Gender and Society, « Gender and Social Movements », vol.12, n°6, 1998

[iii] FALQUET Jules et LE DOARE Hélène, « Le mouvement des femmes en Amérique latine : un questionnement exogène », in COHEN James (et alii.), Amérique latine : démocratie et exclusion. Paris, L'Harmattan 1994 ; ADELKAH Fariba, « Iran : les femmes en mouvement, mouvement de femmes », in BENNANI-CHRAIBI Mounia et FILLEULE Olivier (dir), Résistances et protestation dans les sociétés musulmanes, Paris, Presses de Sciences Po, 2003, pp.243-269 ; AUYERO Javier, Contentious lives. Two Argentine Women, Two Protests, and the Quest for Recognition, Durham, Duke University Press, 2003, 230 p. ; FALQUET Jules, "Division sexuelle du travail révolutionnaire : réflexions à partir de la participation des femmes salvadoriennes à la lutte armée (1981-1992)", Cahiers d'Amérique Latine, n°40, IHEAL-CNRS, Paris, 2003, pp 109-128 ; FALQUET Jules, « Trois questions aux mouvements sociaux « progressistes ». Apports de la théorie féministe à l'analyse des mouvements sociaux». Nouvelles Questions Féministes, Vol. 24, n°3, 2005, pp 18-35

[iv] COQUERY-VIDROVITCH Catherine, Les Africaines : Histoire des femmes d'Afrique noire du XIXe au XXe siècle, Eds Desjonquères, Paris, 1994, pp.253-310 ; MAMDANI Mahmood et WAMBA-DIA-WAMBA Ernest, African Studies in Social Movements, Dakar, CODESRIA, 1995, 636 p. ; IMAM Ayesha, MAMA Amina, SOW Fatou Engendering African Social Sciences, Dakar, Codesria, 1997, 461p. ; COQUERY-VIDROVITCH Catherine, « Des femmes colonisées aux femmes de l'indépendance, ou du misérabilisme au développement par les femmes : approche historique », in Femmes Genre et Développement, Paris et Abidjan, INED, 2003, 40p. ; SCHMIDT Elizabeth, Mobilizing the masses. Gender, Ethnicity, and Class in the Nationalist Movement in Guinea, 1939-1958, Portsmouth, Heinemann, 2005, 293 p. ; HAINARD François et VERSCHUUR Christine, Mouvements de quartier et environnements urbains: la prise de pouvoir des femmes dans des pays du Sud et de l'Est, Paris, Karthala, Dakar, ENDA Diapol, 2005, 370p. ; GOERG Odile, Perspectives historiques sur le genre, Paris, L'Harmattan, 2007, pp. 219-238 ; GOERG Odile, Perspectives historiques sur le genre, Paris, L'Harmattan, 2007, 285p ; FALLON Kathleen., Democracy and the Rise of Women's Movements in Sub-Saharan Africa, Baltimore, The Johns Hopkins University Press, 2008, 168 p. ; LATOURES Aurélie, « Je suis presque féministe, mais… ». Appropriation de la cause des femmes par des militantes maliennes au Forum Social Mondial de Nairobi », Politique Africaine, n°116, 2009, pp.143-165 ; TRIPP Aili Mari, et alii (dir.), African Women's Movements.Transforming Political Landscapes, Cambridge, Cambridge University Press, 2009, 280 p.

[v] SCOTT Joan, « Gender : A Useful Category of Historical Analysis », The American Historical Review, vol.91, n°5, 1986, pp.1053-1075

[vi] SAWICKI Frédéric et SIMEANT Johanna, « Décloisonner la sociologie de l'engagement militant. Note critique sur quelques tendances récentes des travaux français », Sociologie du Travail, vol.51, n°1, 2009, pp.97-125 ; FILLEULE, Olivier, E. AGRIKOLIANSKY Eric, SOMMIER Isabelle (dir.) (2010), Penser les mouvements sociaux, Paris, La Découverte, 2010, 338 p.

[vii] WIN Everjoice, « Not very poor, powerless or pregnant: the African woman forgotten by development », IDS Bulletin, University of Sussex, Brighton, UK, "Repositioning Feminisms in Development", vol.35, n°4, octobre 2004.

[viii] ACHIN Catherine et alii, Sexe, genre et politique, Paris, Economica, 2007, 184p.

[ix] TRAINI Christophe, Emotions…Mobilisations!, Paris, Presses de Sciences Po, 2009, 304 p.

[x] FILLEULE Olivier, "Propositions pour une analyse processuelle de l'engagement individuel", Revue française de science politique, vol 51, n°1, 2001, pp. 19-25 and 199-215 ; FILLEULE Olivier, Le désengagement militant, Paris, Belin, 2005, 320 p.

[xi] BERENI Laure, De la cause à la loi. Les mobilisations pour la parité politique en France (1992-2000), Thèse de doctorat. Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 2007, pp.23-24. ; LILIAN Mathieu, « L'espace des mouvements sociaux », Politix, 2007/1 nº 77, pp. 131-151.

[xii] SIMEANT Johanna et POMMEROLLE Marie Emmanuelle, Un autre monde à Nairobi, Paris, Karthala, 2008, 267 p. ; SIMEANT Johanna et POMMEROLLE Marie Emmanuelle, « Voix africaines au Forum social mondial de Nairobi. Les chemins transnationaux des militantismes africains », Cultures et Conflits, n°70, 2008, pp.129-149.

[xiii] BENNANI-CHRAIBI Mounia et FILLEULE Olivier (dir), Résistances et protestation dans les sociétés musulmanes, Paris, Presses de Sciences Po, 2003, 419 p. ; BAYAT Asef, Street politics. Poor People's movements in Iran, NY, Columbia Universiy Press, 1997, 328 p. ; BAYAT Asef, Life as Politics. How Ordinary People Change the Middle East, Stanford, Stanford University Press, 2009, 320 p. ; BAYART Jean François, MBEMBE Achille, TOULABOR Comi, Le politique par le bas en Afrique noire, Paris, Karthala, (réed.2008), 217 p.

[xiv] ROBNETT Belinda, "African-American Women in the Civil Rights Movement, 1954-1965: Gender, Leadership, and Micromobilization", American Journal of Sociology, 101, 1996, pp.1661-1693.


Lien : https://paris.demosphere.net/rv/18550
Source : liste de diffusion TERRA, reçu le 7 octobre 14h
Source : liste de diffusion TERRA, reçu le 13 novembre 16h