jeudi 13 octobre 2011 à 9h30
Une salariée de Pôle emploi en grève de la faim
https://paris.demosphere.net/rv/18521
Conseillère dans une agence de Toulouse, Isabelle de Léon est la deuxième fonctionnaire en quelques jours à entrer en grève de la faim pour la défense du service public.
À quelques jours d'intervalle, une enseignante de la Manche fin septembre, et une salariée toulousaine de Pôle Emploi aujourd'hui, ont décidé d'entrer en grève de la faim pour dénoncer la destruction du service public. Sans s'être concertées, ces deux fonctionnaires qui s'opposent à la suppression de postes dans l'Éducation nationale pour l'une, à la fusion ANPE/Assedic pour l'autre, pourraient déclencher un mouvement de résistance et de désobéissance organisé susceptible de gagner l'ensemble des services publics.
C'est en tout cas le sens de «l'Appel de Toulouse» qui retentira aujourd'hui devant la direction régionale de Pôle Emploi Midi-Pyrénées, au moment où Isabelle de Léon démarrera son jeûne. L'an dernier, cette conseillère spécialisée dans l'accompagnement des demandeurs d'emploi a refusé d'appliquer l'EID (entretien d'inscription et de diagnostic), une nouvelle procédure dont l'usage acte mécaniquement, selon elle, la fusion ANPE/Assedic. Blâmée par sa direction régionale, la fonctionnaire n'a pas cédé. Obstination qui lui vaudra de comparaître devant un conseil de discipline national le 13 octobre prochain.
Prête à sacrifier son emploi
Dans un contexte d'indignation global qui a franchi l'Altlantique et s'étend désormais jusqu'au berceau du libéralisme, Isabelle de Léon, 54 ans, est prête à sacrifier son emploi - elle peut faire l'objet d'une mesure de licenciement - et sa santé sur l'autel du service public. «C'est un cri d'alarme. Je ne mettrai pas ma vie en danger», avertit toutefois la conseillère dont le jeûne doit déclencher, espère-t-elle, «une prise conscience collective, un mouvement de résistance organisé en faveur de la sauvegarde du service public.
Aujourd'hui, observe Isabelle de Léon, la fonction publique livre un combat désordonné et sporadique pour sa propre survie. Dans les secteurs de la santé, de l'éducation, de l'énergie, du social, chacun se bat dans son coin, sans aucune stratégie d'ensemble. Or, depuis que je suis moi-même en lutte, j'ai pu constater que nous nous heurtions tous aux mêmes problématiques. Il est clair que, face à une logique de démantèlement programmé du service public et de transfert de compétences au privé, nous devons opposer une riposte concertée dans laquelle se retrouveraient fonctionnaires et usagers attachés à un service public de qualité», suggère la salariée de Pôle Emploi, synthèse de l'ANPE et de l'Assedic qui, selon elle, ne fonctionne pas.
Aujourd'hui à midi, Isabelle de Léon installera donc un abri mobile devant la direction régionale de Pôle Emploi Midi-Pyrénées dans lequel elle accomplira sa grève de la faim et qui pourrait constituer le point de départ d'un «front de défense du service public». D'ores et déjà, CnR31, Collectif de Défense des Services Publics Castelnaudary Lauragais, Collectif Résistance à la délation-31, Comité de Résistance Social, Convergence nationale des services publics, Coordination des Intermittent-es et Précaires Midi-Pyrénées (CIP-MP), GREF 31, Réseau des enseignants-désobéisseurs du 31, Réseau Emploi Formation Insertion, Robin des Bois de l'énergie 31, syndicats Pôle Emploi Midi-Pyrénées : CGT, SNU FSU, Solidaires Sud Emploi, Syndicat National des Chercheurs Scientifiques SNCS-FSU section Midi-Pyrénées et Sud santé-sociaux 31, ont signé «l'Appel de Toulouse».
(Source : La Dépêche)
DERNIÈRE MINUTE : Isabelle de Léon s'est exprimée tout à l'heure lors d'un point de presse devant la direction régionale Midi-Pyrénées => LIRE ICI
Rassemblement à Paris:
L'intersyndicale CGT-FO-SNU-SUD Pôle Emploi organise un rassemblement de soutien avec conférence de presse qui se tiendra jeudi prochain le 13 octobre à 9h30 devant la Direction générale de Pôle Emploi à Paris, 1 avenue du Docteur Gley 75020 (M° Porte des Lilas). Ceux qui souhaitent soutenir Isabelle lors de son passage devant la commission disciplinaire sont les bienvenus.
Vous pouvez lire «l'Appel de Toulouse» en commentaire.
Lien : https://paris.demosphere.net/rv/18521
Source : http://www.actuchomage.org/2011100617362/Mobi...
Pôle Emploi en Charpy.
Les associations de chômeurs soutiennent Isabelle de Leon
LES ASSOCIATIONS DE CHOMEURS SOUTIENNENT Isabelle De Léon
RASSEMBLEMENT le 13/10/11 à 9 h 30 Direction Générale de Pôle Emploi 1 av Docteur Gley 75020 PARIS
Depuis le 19 décembre 2008, date de création de Pôle Emploi, on a assisté à la fusion de deux structures différentes, l'une publique, l'Anpe, l'autre privée, l'Assedic, avec toutes les conséquences inhérentes à une telle mesure : passage à un statut privé avec une délégation de service public*, fermetures d'agences pour réduire les coûts, mise en retraite des effectifs en surnombre, fusion des systèmes informatiques, « optimisation » des espaces et des hommes en agence... Il ne restait donc plus qu'à unifier les métiers au sein de Pôle Emploi pour donner l'apparence d'un ensemble cohérent.
L'EID, sigle barbare pour « Entretien Individuel Diagnostic », a donc été pensé uniquement pour cette unification et doit être le symbole de son achèvement final, même si c'est aussi l'essentiel de la nouvelle offre de suivi des chômeurs. Pôle Emploi sera alors prêt à devenir une entreprise de service soumise aux logiques de marché néolibérales et potentiellement privatisable, à terme, selon les volontés gouvernementales. Lequel Gouvernement commence d'ailleurs à se désengager en douceur du financement en n'augmentant pas la subvention alloué à Pôle Emploi.
* En violation de l'article 9 de la Convention 88 de l'Office international du Travail (OIT) sur le service public et les conflits d'intérêt dans le domaine de l'offre d'emploi (environ 80 % des agents de Pôle Emploi sont passés àun statut privé avec la disparition de l'Anpe).
Isabelle De Leon est une professionnelle du placement, conseillère à l'emploi, qui refuse de se prêter au nouveau projet sur le suivi des chômeurs (EID) que propose Pôle Emploi. Elle défend courageusement, en tant que citoyenne, le service public. En effet, c'est au non de la liberté qu'elle a choisi de ne pas appliquer les consignes de sa direction sur l'EID, et c'est au nom de l'égalité des droits des demandeurs d'emploi qu'elle défend l'accès de tous à un service public de qualité. Au nom de la solidarité, elle refuse de vérifier les papiers d'identités, considérant qu'elle est au service du public et que son rôle n'est pas de contrôler, suspecter et dénoncer. Le service public, dit-elle, est le seul véritable outil de redistribution, le seul garant possible d'égalité de traitement et le seul principe capable de maintenir les droits fondamentaux d'aujourd'hui et de demain.
Derrière l'EID, se cache bien sûr un projet de privatisation de Pôle Emploi, qu'elle décode parfaitement en levant le voile sur les objectifs réels des mesures prises par sa direction.
Dans un premier temps, Isabelle de Léon a été sanctionnée le 25 mai dernier par un blâme à l'issue d'un entretien disciplinaire à la direction régionale Midi- Pyrénées. Dans un deuxième temps, la Direction générale de Pôle Emploi la convoque le 13 octobre 2011 pour un conseil de discipline au niveau national. Devant tant de volonté répressive elle a débuté une gréve de la faim ce 5 octobre 2011.
Nous, organisation de défense des chômeurs, avons décidé de soutenir Isabelle De Leon dans son combat contre la mise en place de l'EID et ses conséquences néfastes pour tous, chômeurs et salariés.
En effet, Les nombreux chômeurs qui participent à nos permanences sociales témoignent de toutes les difficultés qu'ils rencontrent pour être informés sur leurs droits les plus élémentaires et pour obtenir le respect de ceux-ci. L'application généralisée de l'EID, nouveau type d'entretien, ne fera qu'aggraver ces difficultés, avec des conséquences négatives sur l'instruction des dossiers d'indemnisation, sur le suivi des demandeurs d'emploi et sur les ruptures d'inscription : cessations d'inscription, contrôle, radiations dues à des informations non transmises ou transmises avec retard etc...
La Direction de Pôle Emploi veut faire croire que cette nouvelle offre de service se ferait au bénéfice des demandeurs d'emploi, mais la réalité est tout autre. L'EID est un entretien qui se déroule sur 50 minutes. Lors de cette entrevue, tout le dossier du Demandeur d'emploi est passé au crible : contrôle et validation de la carte d'identité, contrôle des attestations, collecte des éléments personnels pour enrichir leur fichier AUDE. On instruit aussi à ce moment là les droits a indemnisation, et on valide un projet professionnel qui est contractualisé par la signature du PPAE. L'EID est a lui seul une machine a cadence infernale... Il est évident que le conseiller de Pôle Emploi n'a pas le temps de tout faire et que la vérification des pièces et l'instruction de l'indemnisation font passer au second plan la validation du projet professionnel. La profession de conseiller à l'emploi est alors réduite à la portion congrue. Au final, l' EID est une machine qui lamine la profession de conseiller à l'emploi et qui, par son caractère globalisant, augmente les risques d'erreurs dans le traitement des dossiers.
La polyvalence des tâches ainsi mixées, indemnisation et placement, dans un « metier unique », remet totalement en cause des années de professionnalisme dans chacun des deux métiers. C'EST CE QUI NEST PAS ACCEPTABLE ET C'EST CE QUE REFUSE ISABELLE DE LEON.
La Direction de pôle emploi doit comprendre son erreur de vouloir imposer à marche forcée l'EID et faire machine arrière définitivement. D'autant plus que l'État et les partenaires sociaux préparent une nouvelle convention tripartite pour Pôle Emploi et qu'un point clé fait déjà consensus : la future feuille de route fera son deuil du « métier unique ». Chez Pôle Emploi demain, les agents ne seront plus censés savoir tout faire. Exit donc la polyvalence et, il faut l'espérer, exit une éventuelle sanction le 13 octobre à l'encontre d'Isabelle De Leon !