thème : répression
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vendredi 21 octobre 2011 à 20h30

Projection rencontre

Ici on noie les algériens - 17 octobre 1961

La séance du vendredi 21 octobre à 20h30 à Utopia Saint-Ouen l'Aumône sera suivie d'une rencontre avec l'historien Jean-Luc Einaudi, rencontre organisée par le Collectif « D'ailleurs nous sommes d'ici de Cergy-Pontoise


Film: Ici on noie les algériens - 17 octobre 1961

Yasmina Adi - documentaire France 2011 1h30mn -

ICI ON NOIE LES ALGÉRIENS - 17 octobre 1961

Le 17 octobre 61, c'est loin et c'est proche. Il y a 50 ans, la police parisienne réprimait sauvagement une manifestation pacifique d'Algériens, provoquant entre 50 et 200 morts. Le 17 octobre 61, c'est loin et proche de la répression vichyste et de sa collaboration à la Shoah… Mais en octobre 61, le préfet de police de Paris était un certain Maurice Papon, qui avait fait une carrière exemplaire de haut fonctionnaire (et qui la poursuivra jusqu'à être ministre du budget du gouvernement de Raymond Barre avant 1981) avant que l'on veuille enfin admettre qu'il avait été, comme secrétaire de la préfecture de Bordeaux, le zélé collaborateur de la déportation des Juifs Girondins. C'est donc sans trop de réticence qu'il va appliquer au traitement de la manifestation du 17 octobre de 1961 la même inhumanité.

En octobre 61, dans les derniers mois de la Guerre d'Algérie, s'exacerbent les tensions. Se succèdent les attentats de l'OAS et de l'autre de nombreux attentats contre des policiers français chez qui la volonté de faire justice est là. Le 3 octobre, lors d'obsèques, Maurice Papon déclare que pour « un coup porté, il en sera rendu dix », blanc seing pour une répression aveugle. Le cinq, est décrété un couvre-feu visant spécialement les « Français Musulmans d'Algérie ». En réaction, le FLN appelle à une grande manifestation pacifique le 17 octobre. Les Algériens s'y rendent en masse (vingt à trente mille), femmes et enfants compris sans armes, et en habits du dimanche pour assurer de leur pacifisme et de leur dignité, convergeant de toutes les banlieues ouest nord et sud. Au niveau des Ponts de Neuilly, Asnières ou Argenteuil mais aussi de Saint Michel les affrontements sont les plus violents, les policiers tirant à balles réelle et poussant plusieurs Algériens à la Seine. La plupart des militants arrêtés sont conduits au Palais des Sports (six à sept mille) rappelant les tristes heures de la Rafle du Vel d'Hiv, les maltraitances et les violences continuant sur place sur des gens souvent gravement blessés.

Le documentaire de Yasmina Adi est fort dans sa forme puisqu'il contrebalance des images des journaux et médias de l'époque, y compris des extraits radiophoniques (les images télés de la répression sont inexistantes) majoritairement au service d'une propagande mensongère au service du pouvoir à des témoignages bouleversants : ceux des survivants qui, cinquante ans après, tremblent encore de l'horreur qu'ils ont vécu ; des bénévoles de la Croix Rouge qui ont assisté impuissants à un crime d'État ; mais aussi des « mères-courages » qui n'ont jamais vu revenir maris, frères ou pères. Autres séquences extrêmement fortes, celles de ces échanges radios entre les forces de police sur place, et le QG à l'architecture très kubrickienne. Dans le dictionnaire, la rafle est définie comme « une opération policière d'arrestation de masse de personnes prises au hasard sur la voie publique ou visant une population particulière ». Pétain, De Gaulle, son agent Maurice Papon et Sarkozy ont bien compris cette définition. Évitons que l'histoire ne hoquète.

Lien : https://paris.demosphere.net/rv/18210
Source : http://www.cinemas-utopia.org/saintouen/index...