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samedi 18 juin 2011 à 17h

On bosse ici, on reste ici !

La grève des sans papiers une aventure inédite.

Samedi 18 juin 2011, à 17h, à l'Hôtel de ville de Versailles, salle Montgolfier, nous rencontrerons Lucie TOURETTE journaliste, Nicolas JOUNIN et Anne Bory, sociologues pour une discussion autour de leur ouvrage « On bosse ici On reste ici » Ed. La découverte. Cette rencontre sur le thème des travailleurs sans papiers se fait en partenariat avec Jean-Claude ALT responsable du groupe d'Amnesty International de Versailles, Magali DAURELLES, du service réfugiés d'Amnesty International, et François GICQUEL, du Collectif « La Mouette enragée » association d'aide aux réfugiés à Boulogne S/Mer.

La première grève coordonnée des travailleurs sans papiers en France.

Le 15 avril 2008, 300 travailleurs sans-papiers se mettent en grève pour demander leur régularisation et celle de tous les sans-papiers. Cinq jours plus tard, ils étaient plus de 500. Emmenés par la CGT, ils ont occupé une douzaine de sites dans toute l'Ile de France : entreprises de nettoyage, restaurants, chantiers, magasins. Tous les travailleurs engagés dans ce mouvements ont des fiches de paie, versent des cotisations, paient des impôts sur le revenu. Cette grève marque le retour de la figure de l'immigré comme travailleur, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives de lutte. Le but de l'action étant d' « obliger les patrons à demander au gouvernement la régularisation des sans papiers » explique Didier Niel, de la CGT Paris. Le mouvement est soutenu par la FSU, Solidaires, la Ligue des droits de l'Homme, le Gisti, SOS Racisme, le Réseau éducation sans frontières. De leur côté, des inspecteurs et contrôleurs du travail adressent une lettres à Xavier Bertrand, le ministre du Travail, pour lui demander de régulariser tous les sans papiers qui travaillent. Un syndicat de patrons, le Synhorcat (Syndicat national des Hôteliers, Restaurateurs, Cafetiers et Traiteurs) a fait la même demande.

Alors que dans les années 1990, le mouvement des sans papiers appuie ses demandes de régularisation sur un discours de droits humains universels, avec des actions comme des grèves de la faim, des occupations d'églises ces personnes sont alors écoutées plutôt comme des citoyens du monde et non comme des salariés. Leurs sources de revenu restent dans l'ombre et la syndicalisation de la main-d'œuvre sans papiers n'est pas à l'ordre du jour.

La loi du 20 novembre 2007

Tout en encadrant plus strictement le droit au regroupement familial (notamment par le biais des tests ADN), la loi du 20 novembre 2007 introduit la possibilité d'une « admission exceptionnelle au séjour » pour les étrangers salariés. Elle est aménagée un mois plus tard par une circulaire qui facilite l'accès à 150 métiers dits « en tension » pour les seuls ressortissants des nouveaux Etats de l'Union Européenne, et n'ouvre aux non communautaires qu'une liste de 30 métiers hautement qualifiés, spécifiés selon les régions. Or, ces derniers sont bien loin des emplois effectivement occupés par les sans papiers africains ou asiatiques. La circulaire du 7 janvier 2008 ajoute une condition : que le demandeur puisse prouver un « engagement ferme de son employeur ». Ces nouvelles dispositions ont laissé espérer à des dizaines de milliers de personnes l'éventualité d'une régularisation sur la base de leur emploi. Elles ont donc eu un effet symbolique disproportionné comparé aux possibilités juridiques limitées qu'elles ouvrent dans les faits. Mais elles ont fourni au mouvement naissant des travailleurs sans papiers les termes d'une revendication minimale : l'ouverture des 150 métiers à tous les étrangers, la promesse d'embauche de l'employeur comme condition suffisante de la régularisation. Dans ce nouveau cadre les syndicats sont légitimes pour défendre les droits des travailleurs sans papier.

Une carte de « salarié »

Le titre de séjour obtenu par les grévistes d'avril 2008 dont les dossiers ont été déposés à la préfecture est une carte de « salarié ». Les personnes concernées peuvent circuler et vivre plus sereinement, mais si elles changent d'employeur, de branche ou de région, si elles démissionnent, si elles sont licenciées et épuisent leurs droits aux indemnités chômage, elles risquent de se voir refuser un renouvellement de leur droit au séjour dans un an et ainsi redevenir sans papiers. Cette carte prémunit surtout « l'heureux employeur de ce dernier contre les emportements salariaux intempestifs ».

Pour préparer le débat vous pouvez aussi lire dans Alternatives Economiques n°269-mai 2008 l'article de Lucie Tourette « Sans papiers : grève historique ».

Et dans la revue Mouvements d'avril 2008 le texte de Lucie Tourette, Nicolas Jounin et Sébastien Chauvin « Retour du travailleur immigré ».

Pour prolonger la rencontre : Projections/débats proposées par Amnesty International (contact JC ALT 06 14 72 50 22) à Versailles, Cinéma Le Roxane à 20h30 : Lundi 20 juin NORTEADO (Traversée clandestine de la frontière mexicaine pour se rendre aux Etats-Unis.)Vendredi 24 juin ILLEGAL (immigrés clandestins russes en Belgique)


La rencontre suivante à l'Hôtel de ville de Versailles, à 17h, salle Clément Ader, sera samedi 17 septembre 2011 avec Matei Cazacu et Nicolas Trifon autour de leur ouvrage : La République de Moldavie. Ed. Non Lieu.

Source : http://www.amis.monde-diplomatique.fr/article...

Lien : https://paris.demosphere.net/rv/17661