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mercredi 27 avril 2011 à 19h

Génocide du Rwanda

Boubacar Boris Diop présente son livre son livre 'Murambi, le livre des ossements'

Le mercredi 27 avril à partir de 19h, Boubacar Boris Diop pour la réédition de son livre son livre sur le Rwanda

Renseignements au 01 48 09 25 12 ou sarlex.preambuexle@free.exfr
http://www.zulma.fr/livre-murambi-l...

  • « Ce roman est un miracle. Murambi, le livre des ossements confirme ma certitude qu'après un génocide, seul l'art peut essayer de redonner du sens. Avec Murambi, Boubacar Boris Diop nous offre un roman puissant, terrible et beau. » Toni Morrison
  • « C'est une véritable claque. Les personnages de Murambi ne sont pas près de vous lâcher. » Marie Colmant

Construit comme une enquête, avec une extraordinaire lucidité, le roman de Boubacar Boris Diop nous éclaire sur l'ultime génocide du xxe siècle. Avant, pendant et après, ses personnages se croisent et se racontent, s'aiment et se confessent. Jessica, la miraculée qui sait et comprend du fond de son engagement de résistante ; Faustin Gasana, membre des Interahamwe, la milice des massacreurs du Hutu Power ; le lumineux Siméon Habineza et son frère, le docteur Karekezi ; le colonel Perrin, officier de l'armée française ; Cornelius enfin qui, de retour au Rwanda après de longues années d'exil, plonge aux racines d'une histoire personnelle tragiquement liée à celle de son peuple.

Ecoutez ici l'interview de Boubacar Boris Diop par Pascal Paradou dans Culture vive sur RFI, le 11 avril 2011.

Revue de presse

Jean-François Julliard| LE CANARD ENCHAÎNÉ | 30.03.11

Une machette dans la mémoire

Un jour de l'été 1998, Cornelius rentre chez lui, au Rwanda. Et tout le monde est mort. Pendant qu'il étudiait, à Djibouti, les Hutus ont massacré les Tutsi : 10 000 morts par jour, à la machette, trois mois durant, entre avril et juin 1994. Cornelius rencontre des amis d'enfance, survivants. Des portraits d'acteurs et de victimes de l'holocauste se succèdent. Le petit chef ambitieux, concentré sur son « travail ». La jeune résistante au double jeu. Le miraculé, enseveli sous les cadavres, noyé par leur sang qui pénètre ses yeux et sa bouche. Le colonel français chargé de faire évacuer les Hutu vers le Zaïre (l'historique opération « Turquoise »). Et qui se justifie : « Pas un Français n'a versé de sang rwandais. » Son interlocuteur et obligé, un chef génocidaire, répond : « Et moi, colonel, croyez-vous que j'aie déjà tenu une machette ? »

Arrivant à Murambi, sa ville natale, un Oradour de 50 000 victimes, Cornelius n'est pas encore au bout de sa nuit. Familier à la fois des martyrs et des bourreaux, il est celui qui voit sans comprendre, l'Européen qui doit se défaire des caricatures (est-ce que les Africains diraient de la Shoah qu'il s'agissait de « simples tueries interethniques entre Sémites et Aryens » ?). Il est aussi l'intime du désastre, qui a grandi dans la haine tribale fabriquée par les colons et missionnaires allemands, belges, français. Entre deuil, haine et culpabilité, à travers la révélation, par une amie, de l'inavouable, son retour au Rwanda le force à faire sienne une part de la barbarie.

Pourquoi moi, l'écrivain, le journaliste, se demande - dans une postface à ce livre, sorti il y a onze ans, aujourd'hui réédité - le romancier sénégalais Boubacar Boris Diop, n,'ai-je pas à l'époque, « été capable de voir un seul de ces centaines de milliers de corps » et ai-je adhéré aux clichés ethniques d'une Afrique cannibale ? Sans doute, conclut-il, parce, comme le dit un proverbe wolof, « si tu empruntes à quelqu'un ses yeux, ne t'étonne pas de ne voir que ce que lui-même voit. »

Audrey Pulvar | FRANCE INTER | 07.03.11

En ces temps où la diplomatie française est tellement mise à mal et où sa politique étrangère est mise en cause, en tout cas jusqu'à l'arrivée d'Alain Juppé-le-meilleur-d'entre-nous à la tête du Quai d'Orsay, je vous propose une lecture ou une relecture de Murambi, le livre des ossements, ré-édité aux éditions Zulma, qui fêtent leur 20 ans.

Un roman de l'écrivain sénégalais Boubacar Boris Diop, écrit à l'issue d'une « expérience » hors du commun, un séjour au Rwanda, quatre ans après le génocide, en compagnie de plusieurs autres écrivains africains, avec pour objectif de rendre compte, chacun à leur façon, de ce qu'ils avaient vu. Et cela donne ce roman tellement réel, écrit grâce à des témoignages de victimes, des visites de lieux de mémoires, des rencontres effrayantes. Un roman qui nous raconte les atrocités d'un régime génocidaire, qui en cent jours, extermina entre 800 000 et un million de personnes. Le récit de cette abomination nous rappelle les effroyables témoignages recueillis par le journaliste et écrivain Jean Hatzfeld, comme le travail très précis du journaliste Patrick de Saint-Exupéry.

Trois mois, entre avril et juillet 1994, pendant lesquels, chaque jour, méthodiquement, systématiquement, 10 000 personnes, hommes femmes et enfants, ont été massacrées sans que la communauté internationale ne s'en émeuve réellement. La France ? On pourrait dire que tout se résume dans les propos tenus par François Mitterrand : « Dans ces pays-là, dit le Président socialiste, un génocide ce n'est pas trop important ». On était alors en période de cohabitation. Edouard Balladur était le Premier ministre. A la Défense, François Léotard, et au Quai d'Orsay, Alain Juppé.

- La France, dont Boubacar Boris Diop dénonce le rôle. Il l'accuse d'avoir apporté une aide technique, logistique et politique aux génocidaires hutus.

L'écrivain a ajouté une post-face datée du mois dernier, à la ré-édition de ce livre. Il y met en cause, comme il le faisait déjà par la voix des personnages de ce roman, le rôle sinon complice, du moins coupable de la France. Coupable d'avoir eu en main tous les éléments annonçant ce génocide et de l'avoir laissé s'installer, coupable d'avoir soutenu le gouvernement génocidaire, d'avoir permis voire aidé des criminels de guerre à fuir, quand le Front Patriotique du Rwanda, défendant les Tutsis, reprenait l'avantage dans le pays. Boubacar Boris Diop n'est, bien sûr, pas le seul à fustiger le rôle de la France et de l'opération Turquoise, par laquelle 2 500 de nos soldats partirent à la fin du génocide, vers le Rwanda, avec pour mission officielle d'en protéger les victimes… des plaintes pour complicité de crime contre l'humanité ont été déposées et puis on le sait les relations diplomatiques entre Paris et Kigali ont longtemps été interrompues.

Il n'est pas jusqu'au Président rwandais Paul Kagame, lui aussi très contesté, qui n'accuse Paris d'avoir « participé au génocide ».

Une image restera en tous cas : celle de soldats français installant, en toute connaissance de cause, un terrain de volley ball au-dessus de charniers contenant des milliers de corps. Un panneau en témoigne encore, à Murambi, où 40 000 personnes ont été tuées. Boubaca Boris Diop est également très sévère avec les intellectuels africains en général, qu'il accuse de ne ni regarder en face, ni décrire avec sincérité, l'étendue de ce génocide… il dénonce leur amnésie, plus volontaire qu'on ne le croit.

Source : http://www.survie-paris.org/genocide-du-rwand...

Lien : https://paris.demosphere.net/rv/16932