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jeudi 21 avril 2011 à 18h30

Conférence de Ammar Mansouri

Le programme nucléaire français au Sahara algérien

Cas de l'accident du "Beryl" le 1er mai 1962

Conférence de Ammar MANSOURI sur le thème : "Les accidents répertoriés du programme nucléaire français au Sahara algérien: Cas de l'accident du « Béryl », le 1er mai 1962"

Ammar Mansouri, chercheur au Centre de recherche nucléaire d'Alger ... Cas de l'accident du « Béryl », le 1er mai 1962 Dés 1957, le Sahara algérien a été choisi comme champ d'expérimentation pour la réalisation les premiers essais nucléaires de la France coloniale au mépris de la population, sédentaire et nomade, de l'environnement et notamment du statut juridique du territoire.

Entre 1960 et 1961, le Centre Saharien des Expérimentations Militaires (C. S. E.M.) a effectué quatre explosions atmosphériques sur le pas de tir d'Hamoudia-Reggane (1er site nucléaire). De 1961 à 1966, le Centre d'Expérimentations Militaires des Oasis (C.E.M.O.) a réalisé treize explosions en galeries dans la montagne du Taourirt Tan Afella - In Ekker (2e site nucléaire). La puissance totale des explosions nucléaires atmosphériques et souterraines est de l'ordre de 600 Kt de TNT soit 40 fois la bombe d'Hiroshima

Par ailleurs, 35 expériences de propagation de choc sur des pastilles de plutonium ont été réalisées dans des cuves, sur le pas de tir d'Hamoudia-Reggane, en mai 1961, avril 1962 et avril-mai 1963. Toutes ces expérimentations ont généré de la radioactivité. Aussi, cinq expériences de l'opération "Pollen" destinées à évaluer la contamination par le plutonium lors d'un accident d'arme ont-elles été réalisées à l'air libre de 1964 à 1966 à Tan Ataram, In Ekker. ( 3e site nucléaire).

Il y a lieu de préciser que 3500 ouvriers algériens PLBT (Population Laborieuse du Bas Touat) sur le site de Réggane et 1.000 ouvriers algériens PLO (Participation Locale des Ouvriers) sur le site d'In Ekker en plus des 24.000 personnes, civiles et militaires françaises, ont été mobilisés pour l'exécution de l'ensemble du programme nucléaire français au Sahara algérien entre 1960 et 1966.

Lors de ces différentes explosions, essais et expérimentations on enregistre, malheureusement, des accidents ou explosions non contenues dans le cadre des explosions souterraines à savoir : Béryl, Améthyste, Rubis et Jade. Huit autres essais souterrains du Tan Affela ont provoqué des fuites de gaz radioactifs. Les expériences complémentaires réalisées à Hamoudia ont connu des accidents (19 avril 1962 et 28 juin 1962) qui ont généré de la radioactivité et contaminé le personnel en provoquant des morts et des blessés. Parmi ces accidents, l'accident « Béryl » du 1er mai 62 à In Ekker demeure l'unique dans son genre dans l'histoire des essais nucléaires

Ce tir avait pour but l'expérimentation d'un engin dont l'énergie est de 50 Kt (M2) destiné à armer le Mirage IV. Pour cet essai pas moins de deux mille personnes entre militaires et civils ont été mobilisées sur le site. L'accident « Béryl », « Tchernobyl 1 », a eu lieu suite à un mauvais réglage de l'engin ou l'onde de choc n'a pas fermé la galerie, laissant sortir la radioactivité sous forme de laves, de scories qui se solidifient à la sortie de la galerie (carreau E2), d'aérosols et de produits gazeux très volatils qui créent un nuage qui se stabilise à basse altitude, 2600m environ. La trajectoire du nuage orientée vers l'est de E2 passe au-dessus du poste de commandement (P.C.P.). Cet accident a contaminé une superficie de 250 ha. La contamination atmosphérique était sensible jusqu'à Djanet (4,4.10-7 Ci/m3), soit à environ 500 km. Concernant la population et selon les rapports français, le principal lieu habité à population sédentaire est celui d'Idèles, avec 280 personnes, qui se trouve à environ 100 km du point de tir à la frange sud de la retombée, la dose reçue y est de l'ordre de 0,05 mSv (5 mrems). Les populations nomades, essentiellement celles du Kel Torha dont environ 240 personnes, évoluent à 150 km du point de tir à la frange nord de la retombée, ont reçu des doses allant jusqu'à 2,5 mSv (250 mrems).

Ce 1er mai 1962, les auxiliaires touaregs employés à des tâches subalternes, furent carrément abandonnés.

Le rapport sur cet accident confirme que le nuage s'est dirigé vers une direction où "il n'y avait pas de population saharienne sédentaire"

c'est-à-dire c'est un nuage téléguidé

. Mais il reconnaît que, localement, une contamination substantielle aurait touché une centaine de personnes. Par ailleurs, une étude française effectuée fin 1965 évalue l'activité résiduelle approximativement à 5.000 Ci fixés sur 10.000 tonnes de laves ou de scories dont environ 25 Ci de plutonium. Les résultats de l'analyse d'échantillons de lave publiés dans le rapport de l'AIEA en 2005, ceux publiés en 2008 dans le Journal Applied Radiation and Isotope et ceux aussi réalisés par les laboratoires du CRIIRAD en 2009, montrent clairement que les conséquences radiologiques de l'accident de Béryl constituent toujours un danger permanent notamment la coulée de lave. Cette dernière, selon le rapport de l'AIEA de 2005, mesure entre 200 et 250 m de longueur, pour un volume de 740 m3 et une masse d'environ 10.000 tonnes.

En 1967, selon le ministère de la Défense Français, les sites d'essais sahariens ont été "démantelés" et "assainis" sur le plan radiologique avant le départ des militaires français en juillet 1966. Par ailleurs, de nombreux visiteurs Algériens et étrangers, en particulier des vétérans, qui se sont rendus sur place (1997, 1999, 2007, 2009, 2010 et 2011) démentent formellement ces affirmations de la France. Aussi, les différents rapports (AIEA, Applied Radiation and Radioisotope, CRIIRAD), articles et films documentaires réalisés ces dernières années sur les essais nucléaires français au Sahara Algérien en témoignent. Enfin, pour palier à cette situation, une barrière qui s'étend sur quarante kilomètres a été construite en 1997 pour sécuriser le site des tirs souterrains notamment les conséquences de l'accident du Béryl qui sont encore visibles et qui présentent un danger potentiel pour toute forme de vie.

Par Ammar MANSOURI

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Source : http://www.telephonearabe.net/mainout/debat_d...

Lien : https://paris.demosphere.net/rv/16865