mardi 29 mars 2011 à 20h30
La disparition des abeilles : la fin d'un mystère
https://paris.demosphere.net/rv/16184
Le mardi 29 Mars à 20H30 à Saint-Ouen l'Aumône, dans le cadre de la 6ème édition de la semaine alternative à l'utilisation des pesticides, du 20 au 30 Mars.
La projection sera suivie d'un débat animé par André Bouchut, secrétaire national de la Confédération Paysanne, et Michel Ducrocq, apiculteur, membre du collectif Percheron*.
La disparition des abeilles : la fin d'un mystère
Natacha Calestrémé et Gilles Luneau - documentaire France 2008 52mn -
Du 29/03/11 au 29/03/11
On connait tous la phrase apocryphe d'Albert Einstein : « le jour où les abeilles disparaitront, l'humanité s'éteindra », mais jusqu'à récemment bien peu de gens dans le monde avaient pris au sérieux la possibilité qu'une telle prophétie puisse un jour se réaliser. Et puis, il y a un peu plus de vingt ans maintenant, on a commencé à recenser les premières disparitions de colonies. Massives. Mondiales. Inexplicables.
Un mystère baptisé faute de le comprendre « Syndrome d'effondrement des colonies », qui affolait la communauté des apiculteurs dans une relative indifférence générale, ce jusqu'en 1997, année qui connut un pic de mortalité des essaims encore jamais atteint. Or c'est également 1997 qu'un pesticide au nom exotique fut appelé à connaître une renommée internationale : le Gaucho, et si vous y voyez davantage qu'une simple coïncidence, c'est que vous avez l'esprit mal tourné.
Comme Natacha Calestremé et Gilles Luneau, les deux journalistes auteurs de ce film sont des gens sérieux, eux, et pas du genre à tirer des conclusions hâtives sur la base d'un simple soupçon, c'est à une enquête aussi minutieuse qu'exhaustive qu'ils se livrent, explorant toutes les pistes connues, et elles sont nombreuses, parfois redondantes, parfois contradictoires, que ce soit celle du parasite Varroa, d'une forme particulière de grippe, de l'interaction des pesticides avec les insecticides, voire des pesticides entre eux, de leur rémanence dans les sols, les pollens et les organismes, ou bien encore de l'effet perturbateur des antennes relais à ondes pulsées sur la particule de magnétite que recèle le corps de ces hyménoptères et sans laquelle ils ne peuvent s'orienter ; rencontrant aussi bien des représentants des industries de la protection des plantes (doux euphémisme sous lequel il faut lire : lobby des semenciers OGM et de l'industrie agrochimique) que des entomologistes, des biologistes, des spécialistes de la pollinisation à l'INRA tels que Bernard Vaissière, qui se voit obligé de rappeler des évidences vieilles comme le monde, à savoir l'interdépendance entre les plantes et les insectes pollinisateurs, avec les conséquences à peine imaginables et pourtant très concrètes qu'entrainerait la disparition des seconds pour les premières et ceux qui, le cul posé en équilibre instable au faîte de la pyramide alimentaire, les consomment sans se poser de questions ; et bien sûr des apiculteurs, tant en Europe qu'aux États-Unis,les premiers témoins du désastre, partagés entre la rage impuissante et la pugnacité face à un adversaire qui ne dit pas son nom.
Obstinément, méthodiquement, Calestrémé et Luneau rassemblent avec la patience du jardinier un faisceau de preuves qui nous mène inéluctablement à une conclusion logique, claire, nette et dépourvue d'ambiguïté : nous sommes responsables, les dégâts sont immenses, mais il n'est pas trop tard pour agir.
Air connu ? Certes, on a pu en dire autant du réchauffement climatique, du scandale de l'amiante, de la destruction de la couche d'ozone, de l'assèchement de la mer d'Aral, j'en passe et des pires, on se dit qu'une catastrophe de plus ou de moins, au point où on en est, ne fera que hâter la chute de l'Espèce… mais c'est justement parce qu'on s'est époumoné à crier dans le désert que nous « funambulons » encore au bord du précipice, et que nous n'avons pas rejoint les néanderthaliens dans le cul-de-basse-fosse de l'Histoire.