lundi 29 novembre 2010 à 18h
Appel de l'AG de formateurs en travail social, travailleurs sociaux en poste, ou non...
https://paris.demosphere.net/rv/15149
Travailleuses et travailleurs sociaux, mobilisons nous !
Pour défendre nos droits et ceux des personnes accompagnées
Nous, travailleurs sociaux, en formation, en poste ou non, formateurs... faisons l'alarmant constat que la réforme des retraites aggrave nos conditions de travail et vulnérabilise davantage les personnes que nous accompagnons.
La réforme des retraites, nous sommes toutes et tous concerné.e.s !
Pour rappel, la réforme des retraites, c'est :
- l'augmentation de la durée de cotisation (37,5 à 41,5 années),
- l'augmentation de l'âge minimal de départ à la retraite (de 60 à 62 ans),
- l'augmentation de l'âge de départ à taux plein (de 65 à 67 ans).
Il nous paraît évident que la réforme des retraites affaiblit les droits des travailleurs et nuit fortement à la qualité de vie de chacun d'entre nous. En outre, l'allongement de la durée de vie que l'on martèle ne prend pas en compte le fait que la durée de vie en bonne santé ne dépasse pas, en moyenne, pour les ouvriers, par exemple, les 60 ans.
Travailleuse ou travailleur social.e à 66 ans, la bonne blague !
La question n'est pas tant celle de la pénibilité, au sens où l'entend la médecine (usure physique au travail, ou santé psychique, notamment), que celle de la capacité à exercer à un âge avancé pour les travailleurs sociaux.
Franchement, vous voyez-vous travailler dans ces conditions :
- accompagner des ados à 66 ans, où l'art de pousser mamie dans les orties,
- se frotter à un môme autiste en crise : attention au lumbago papi,
- ouvrir à la culture : j'ai une idée ! Tout le monde devant Drucker !
- gérer une fugue : Hou ! Merde, ma canne !
- faire du foot ou du basket en déambulateur c'est plus compliqué...
- etc...
Accompagner vers toujours davantage de précarité, une belle vocation que voilà !
L'autonomie dans un monde de brutes : ne rêvons pas, les carrières de DRH, d'élus, d'avocats et de médecins se font rares pour les ex-usagers du secteur... et, lorsqu'un travail est envisageable, c'est bien souvent du précaire, de l'instable et du sous-payé...
notre propre expérience nous montre jour après jour que ce sont les plus précaires qui vont pâtir de cette réforme. Notre quotidien au travail fourmille d'exemples ; en voici quelques témoignages :
"Dans l'asso où je travaille, [...] la plupart des femmes que nous accompagnons sont dans une grande précarité tant économique que sociale. Elles sont pour la plupart étrangères et, bien que diplômées, elles ne peuvent prétendre occuper un poste en cohérence avec leurs qualifications, faute d'équivalences.
Elles sont dans une urgence économique (la plupart sont en foyer, et sans boulot, le foyer ne les accepte pas au-delà d'un an) qui les précarise davantage. Ces femmes monoparentales doivent composer la question de l'emploi avec une double problématique : trouver un job, et qui plus est en fonction de leur situation familiale (garde des enfants, horaires, trajets etc.).
Quelle retraite pour ces femmes que la société renvoie à des boulots précaires, très souvent sur des petits temps partiels ? que vont-elles réussir à cumuler comme « points » ? Et comment vont-elles pouvoir travailler jusqu'à 67 ans quant à 40 ans elles sont déjà cassées par un employeur peu scrupuleux qui leur demande d'effectuer le ménage des chambres d'un hôtel tout entier ? comment prétendre à une retraite quand, primo arrivantes sur le territoire, on vous paie au noir ? Tout cela donne t'il droit à une retraite digne ?"
« Je travaille dans le domaine de l'insertion avec des jeunes étiquetés « délinquants ». Comment discuter avec eux de la retraite qu'ils pourraient avoir alors qu'ils ne trouvent pas de boulot, voire même pas de stages gratuits. Entre leur quartier d'origine (qui se voit sur les CV), leur look, leur couleur de peau pour certain-e-s et leur passé judiciaire, l'heure de leur première cotisation ne se voit pas à l'horizon. Celles et ceux qui acceptent un tant soit peu de se conformer, arrivent par-ci par-là à trouver des missions d'intérim ou des boulots qui les détruiront avant 50 ans. Le problème c'est que ce n'est pas passager. Des fois on a un peu honte de faire ce boulot. Si c'était pas pour la retraite... »
etc, etc...
Allonger le temps de travail, c'est produire de la dépendance !
Il est enfin important de noter que, du fait de l'allongement de la durée de travail, les populations vulnérables seront plus atteintes encore qu'elles ne le sont aujourd'hui : ainsi, les accidents du travail donnant lieu à une IP (incapacité permanente) augmentent fortement avec l'âge... et, du coup, nombre d'entre les personnes accidentées peuvent se trouver dépendantes des institutions sanitaires et médico-sociales ! Souhaite-t'on faire exploser le nombre d'usagers en situation de handicap (dû aux accidents du travail, aux maladies professionnelles...) pour satisfaire des choix de société toujours plus productivistes ?
Pour les personnes âgées, satisfaire aux demandes des recruteurs s'avère toujours plus difficile. On imagine aisément, pour, nombre de personnes isolées, les conséquences d'une telle situation : elles sont contraintes à vivre dans des foyers sans plus aucune perspective.
La réforme des retraites, ou le jeu des vases communiquants
En reculant l'âge de la retraite, tout autant la fragilisation des personnes âgées, du fait de l'usure au travail et de la vie, que le recul de l'âge de départ à la retraite pour les personnes handicapées, entraînera mécaniquement une très forte augmentation des dépenses de Sécurité Sociale : qui en paiera le prix ? Les personnes handicapées elles-mêmes ?
Travailleuses et travailleurs sociaux, nous sommes toutes et tous concerné.e.s par ces réformes :
- au titre de salarié.e.s,
- au titre de professionnel.le.s accompagnant des personnes en difficulté.
Mobilisons-nous pour faire abroger cette réforme !
Toutes et tous à la manifestation du 4 décembre[1] !
Nous sommes des travailleurs sociaux salarié.e.s ou non, en formation, formatrices et formateurs réuni.e.s à titre individuel en Assemblée Générale dans le but de réaliser des actions communes, et dont certain.e.s sont membres de collectifs, syndicats, organisations
Prochaine réunion : lundi 29 novembre, à 18h,
locaux de la CNT, 33, rue des Vignoles, Paris 20ème Metro : Nation (RERA,1,2,6,9), Avron (2), Buzenval (9)
[1] Samedi 4 décembre, 14h30 métro Jaurès, Paris 19 : manif contre le chômage et les précarités, pour la justice sociale