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vendredi 12 novembre 2010 à 20h45

Indépendances années 0...

En présence de René Vautier (cinéaste) et d'Alain Ruscio (historien), séance présentée par Tangui Perron (chargé du patrimoine audiovisuel à Périphérie)

Comme il existe un cinéma militant, il existe aussi un cinéma anticolonial - et les deux sont intimement liés. Si ce cinéma fut toujours précaire, fauché et systématiquement censuré, s'il fut seulement le fait d'une poignée d'hommes et de femmes, il est aussi le symptôme d'un mouvement anticolonial profond, tant dans les pays colonisés que dans les pays colonisateurs. Ces films tournés et projetés clandestinement ont montré à des dizaines de milliers de personnes les crimes du colonialisme, le pillage des richesses, l'inégalité et l'iniquité des échanges. Leur rôle historique est indéniable. Les films anticoloniaux - et certains pamphlets sont des chefs-d'œuvre - sont à intégrer à l'histoire du cinéma mais aussi à l'histoire des indépendances, souvent malmenée et méconnue.

Afrique 50, de René Vautier (1950, 17')

Premier film réalisé par René Vautier et premier film anticolonialiste français, ce pamphlet contre le colonialisme en Afrique noire valut à son auteur treize inculpations et une condamnation à un an de prison en raison d'un décret datant du 11 mars 1934 (signé par l'ex- ministre des colonies Pierre Laval). Afrique 50 est aujourd'hui un « classique » du cinéma militant et du cinéma anticolonial.

Terre tunisienne, de Raymond Vogel et Jean-Jacques Sirkis (1951, 30')

Réquisitoire contre le colonialisme français en Tunisie, Terre tunisienne, dont le ton virulent, parfois acerbe et caustique n'est pas sans rappeler celui d'Afrique 50, fut d'abord commandé par le Parti communiste tunisien à René Vautier, avant que celui-ci ne soit expulsé par les services du protectorat. Raymond Vogel fut aussi de l'aventure d'Afrique 50.

Le Glas, de Férid Dendedi et René Vautier (1964, 5')

Film réalisé avec le ZAPU (Zimbabwe African Party fot Unity), sur trois révolutionnaires africains pendus à Salisbury. Le Glas fut interdit en France lors de sa sortie.

Les statues meurent aussi, de Chris Marker et Alain Resnais (1953, 29')

"On nous avait commandé un film sur l'art nègre. Chris Marker et moi sommes partis de cette question : pourquoi l'art nègre se trouve-t-il au Musée de l'Homme, alors que l'art grec ou égyptien est au Louvre ?"

(Alain Resnais).

Commande de la revue Présence africaine, il ne sera projeté intégralement qu'en 1968 après quinze ans d'interdiction.

J'ai huit ans, de Yann le Masson et Olga Poliakoff (1961, 8')

J'ai huit ans, court-métrage tourné clandestinement pendant la guerre d'Algérie, fut réalisé à partir de dessins d'enfants algériens recueillis en 1961 dans un camp de réfugiés en Tunisie. Par leurs dessins, les enfants expriment toute l'horreur de cette guerre qui les a obligés, eux et leur famille, à fuir leur pays. J'ai huit ans fut interdit par la police et saisi dix-sept fois. Le visa de censure ne lui sera accordé qu'en 1974, douze ans après la fin de la guerre d'Algérie.

Algérie année 0 (sous réserve) de Marceline Loridan, Jean-Pierre Sergent (1962, 40')

Documentaire sur les débuts de l'indépendance algérienne filmé au cours de l'été 1962 à Alger. Le film fut interdit en France et en Algérie mais obtint le Grand prix du festival international de Leipzig en 1965.

« Pour qui avait été appelé en Algérie (pour moi, 1956-58) participer à un film sur l'indépendance était une victoire sur l'horreur, le mensonge et l'absurde. Ce fut en outre le début de mon engagement par le cinéma. » (Bruno Muel, opérateur sur Algérie année 0)

Source : http://www.peripherie.asso.fr/patrimoine_acti
Source : message reçu le 28 octobre 19h

Lien : https://paris.demosphere.net/rv/14726