vendredi 11 juin 2010 à 20h30
Les mains en l'air
https://paris.demosphere.net/rv/13410
La Séance du vendredi 11 juin à 20h30 à Utopia Saint-Ouen sera suivie d'un débat sur le thème « Comment organiser le soutien aux personnes expulsées face à sa criminalisation grandissante ? »
avec
- Jean-Claude Vitran, président de La Ligue des Droits de l'Homme du Val d'Oise ,
- Manuel Alvarez ( RESF 95 et président de la FCPE, Fédération des Conseils de Parents d'Elèves des Ecoles Publiques ) et
- Valérie Martinez, une des six militantes RESF poursuivies par le Préfet des Pyrénées Atlantiques pour outrage ( jugée à Pau la veille ).
LES MAINS EN L'AIR
Écrit et réalisé par Romain GOUPIL - France 2009 1h30mn - avec Valeria Bruni Tedeschi, Romain Goupil, Hippolyte Girardot… et plein d'enfants formidables !...
Du 09/06/10 au 29/06/10
Nous sommes en 2067… Une femme se souvient… Pèse ses mots : comment faire comprendre à la jeunesse qui l'interviewe l'ambiance, les mœurs d'une époque bien révolue, devenue inconcevable. Derrière les rides tombées sur le front de Milana, on devine les traits d'esprits indélébiles de la petite fille espiègle qu'elle a été et restera toujours. Quels sont les mots justes pour parler de ces vieilles histoires qui n'auraient jamais dû exister en dehors des contes bons à faire peur aux marmots ? Comment faire comprendre la chasse aux sorcières à ceux qui n'ont pas vécu au moyen-âge ? Elle nous parle d'un temps ancien, un temps où « Il » était président… Mais qui donc ? Elle ne se souvient plus… Clin d'œil. Qui était président de la France en ces temps reculés (arriérés ?) de la fin des années 2000 ? On pouffe : car vous et moi, on a du mal à l'oublier, non ? Mais l'Histoire, dans soixante ans, que retiendra-t-elle de tout cela. Quels actes politiques ? Le souvenir d'enfants malmenés, celui de parents suicidés… Petite pique au beau-frère de Valeria Bruni-Tedeschi, dont la présence dans le film est lumineuse : elle campe si bien le rôle d'une mère sensible, vibrante, révoltée.
Flash-back donc : nous voilà revenus à notre glorieuse époque des reconduites à la frontière. Mais avec un regard neuf… Celui du recul de l'histoire, celui des enfants, celui de Milana quand elle avait dix ans, l'âge où l'on n'est pas encore formaté à s'interdire de rêver. Et l'angle est savoureux, riche de rires, de fraîcheur, de bon sens enfantin. Remarquez bien qu'on n'est pas non plus dans la mièvrerie : Romain Goupil filme trop bien les mômes pour sombrer dans un côté gnangnan et simpliste. Ses petits personnages peuvent être cruels, développent un ego qui écrase parfois un peu les autres. Dans la classe de Milana, c'est le patchwork habituel de situations diverses et variées : il y a les enfants de gens bien mariés, les enfants de gens bien divorcés, les enfants de sans-papiers… Un condensé de notre époque, tout ce qu'il faut donc pour commencer à se poser des questions, même si on n'a que dix ans, même si on ne lit pas le journal… Que le voisin de table s'appelle Alice ou Ali, Youssef ou Claudio… qu'il vienne d'ici ou d'ailleurs, qu'importe ! Du moment qu'il sait être complice dans les jeux et les bêtises, on peut s'en faire un vrai copain. Et on ne s'en prive pas : la petite bande de Blaise est ainsi constituée. Alliés pour le meilleur comme pour le pire. Le pire, ce sont des conneries de gosses, des histoires de bandits où on se fout des chocottes virtuelles pour apprendre à vivre. La vie coule douce, les amitiés, les amours naissantes. Mais, voilà, certains ont beau dire que l'enfance est l'âge de l'insouciance, les chérubins ont l'oreille fine et l'instinct aiguisé. Une ombre inique, angoissante, commence à planer sur le petit groupe : certains d'entre eux seraient persona non grata sur le beau sol français, d'abord Youssef, ensuite Milana… Et là ce n'est plus du virtuel, de l'actualité lointaine d'adultes. La petite bande de Blaise est toute retournée. Heureusement sa mère, compréhensive, généreuse (c'est Valeria), accepte d'accueillir Milana au sein de la famille comme si elle était sa propre fille. Un moment de bonheur intense pour les enfants, de grande complicité. Mais au dehors le ton se durcit encore, poussant les mioches à trouver des solutions que les adultes n'ont pas… Nous sommes tous des enfants d'immigrés !
Loin de choisir des voies alarmistes, dramatiques, Goupil, rusé de nature, a choisi la voie/voix des enfants… Mais c'est un film aussi et surtout pour les grands. Un film joyeux et offensif qu'on peut voir en famille, en classe : un beau cadeau de fin d'année scolaire à faire à vos élèves si êtes enseignant, n'hésitez pas… Au fait, le site internet de RESF : www.educationsansfrontieres.org