samedi 15 mai 2010 à 19h30
Zelda, projet parisien d'habitat autogéré en propriété d'usage
(Zone d'extra-longue durée d'autonomie)
https://paris.demosphere.net/rv/13158
Zelda, projet parisien d'habitat autogéré en propriété d'usage, fait partie du réseau Clip en construction (http://clip.ouvaton.org)
Soirée à prix libre.
Au menu, que des bonnes choses : dhal fatal, boulghour d'amour, poêlée de légumes de saison carrément bons et crèpes avec chantilly à gogo et/ou salade de fruits (ce sera selon).
Source : http://scalp-reflex.over-blog.com/article-rep...
Source : message reçu le 12 mai 16h
Par et pour l'autogestion
ZELDA est né d'une envie de vivre plus en accord avec nos idéaux politiques tout en ayant un réel espace d'interaction avec l'extérieur. Il s'est concrétisé avec la rencontre du CLIP, structure juridique nous permettant de s'inscrire dans un projet plus global de réappropriation de l'espace urbain. L'idée est d'acheter un bâtiment via une structure collective (personne morale) ; les usagers (habitants, associations…) en sont membres sans pour autant être individuellement propriétaires, et sont seuls habilités à organiser et à gérer collectivement le lieu. Le cœur politique du projet repose sur l'idée d'autogestion : il s'agit de mettre en place un espace où se pratique l'autogestion, qui puisse également servir à promouvoir les idées d'autogestion et d'auto-organisation dans les luttes militantes aussi bien que dans la vie quotidienne. Il n'est pas seulement un projet d'alternative, ni un futur porte-avion pour les luttes : il est lui-même une lutte. Pour le dire autrement : cet espace ne constitue pas seulement une alternative, ni même un point de départ pour lancer ou accueillir des luttes, il constitue en lui-même une forme de lutte sur différents fronts - anticapitalisme, écologie, réappropriation de l'espace urbain. Dans cette perspective, qu'il se monte à Paris (dans l'environnement a priori le plus défavorable), dans le cadre d'un réseau qui le dépasse (le CLIP), et soit pensé comme une globalité (dépassant l'alternative d'habitation pour intégrer des zones ouverte sur l'extérieure) constituent des éléments essentiels qui signent sa dimension de lutte politique projective. Il s'agit de mettre enfin en pratique une idée fondamentale : « résister c'est créer » ou, réciproquement, « créer c'est résister ». Zelda constitue une ouverture vers un terrain de lutte, les luttes urbaines ; vers un mode d'action : la subversion ; vers des milieux dont le lien à la politique est de plus en plus lâche : les milieux alternatifs, culturels, et plus généralement la population réelle, qui tous pourraient trouver à s'investir dans un dispositif autogestionnaire.
Réaliser l'autogestion
L'autogestion est évidemment au coeur du projet d'habitation. Il s'agit ici de répondre à l'exigence de rapprocher le militantisme et la vie quotidienne, à l'envie de vivre au jour le jour de façon plus conforme à nos idées, et de se confronter aux difficultés que celles-ci présentent - dans le cadre du système actuel, mais aussi, plus généralement, de nos mentalités présentes. Il y a en effet souvent un écart remarquable entre les modes de vie que nous prônons et ceux que nous pratiquons au quotidien. Pour des raisons personnelles parfois - ce pour quoi il nous paraît évident que le choix d'une habitation alternative doit reposer sur le volontariat. Mais, le plus souvent, pour des raisons de structure : même dans le cadre plus collectif de la colocation, il est quasi impossible de pratiquer l'autogestion sur une échelle significative - au-delà de quelques personnes. D'où ici la volonté de dépasser cet obstacle structurel (coût des loyers, structuration privatiste des logements) pour fonder un collectif autogéré de plusieurs dizaines de personnes (30-40 personnes). Mais Zelda ne se limite pas à l'habitation. Une zone d'activité, dédié à des activités auto-organisées (quel que soit leur champ d'action : militant, mais aussi culturel, artistique, artisanal, sportif) ; et la logique d'autogestion sera diffusée auprès des individus ou groupes assurant ces activités, puisque la condition sine qua non de leur accueil sera leur participation active à l'autogestion du lieu. Une zone de publicité, ouverte à tous, qui, pour des raisons techniques, sera sans doute tenue par un permanent qui devra participer à la gestion du lieu et sera chargée de l'interface entre le lieu et le public extérieur Évidemment, l'ensemble du lieu sera géré selon nos principes fondamentaux - liberté, égalité et solidarité. Est envisagée une gestion à deux niveaux : interne à chaque zone, et entre les différentes zones, au sein de l'association des usagers du lieu. Mais chaque niveau devra s'engager à lutter, y compris en son sein, contre les idées et les pratiques ennemies : contre le fascisme, contre le racisme, contre le sexisme, contre l'autoritarisme. Sur ce point la dimension d'alternative rejoint la dimension de lutte : faire vivre nos idées, réaliser auto-organisation et autogestion, cela n'est pas affaire que de bonnes intentions, mais de luttes et de conflits - d'où, d'ailleurs, la nécessité de mettre en place des structures de gestion et de résolution de ces conflits.
Une lutte pour l'autogestion
Zelda n'est pas seulement une alternative, elle est en elle-même et par elle-même une lutte politique: pour l'autogestion, pour l'auto-organisation, pour l'écologie, contre le capitalisme et pour la réappropriation de l'espace urbain. - une lutte pour l'autogestion. Il ne s'agit pas seulement d'une lutte pour mettre en place une alternative autogérée ; c'est là l'intérêt des zones ouvertes: diffuser les idéaux autogestionnaires, par le discours aussi bien que par la pratique ; en démontrant la possibilité de l'autogestion, et en intégrant des individus dans des dispositifs autogestionnaires, en leur faisant faire l'expérience d'un vécu autogestionnaire - qui a un impact plus fort que n'importe quel discours. - une lutte pour l'auto-organisation. L'un des principaux intérêts du projet Zelda c'est que, contrairement à la plupart des luttes militantes, il n'est pas réactif, mais actif et projectif. Il ne s'agit pas en effet de se mobiliser en fonction d'un agenda et sur des thématiques choisies par nos ennemis, mais de créer notre espace et notre temporalité, d'imposer nos problématiques plutôt que de combattre sur celles décidées hors de nous. L'inscription dans la durée est ici très importante : parce qu'elle nous permet d'être actifs plus que réactifs, et parce qu'elle permet de dépasser le « mouvementisme » de court terme en nous inscrivant dans une démarche plus « projective », sur le moyen ou le long terme. - une lutte pour l'écologie sociale. La dimension écologique est importante pour plusieurs des individus membres du projet ; elle pourra d'autant mieux être pris en compte qu'il y a une forte probabilité que Zelda se crée au sein de bâtiments « atypiques » pour l'habitat, dont la réorganisation fournira l'occasion d'intégrer la dimension écologique. - une lutte contre le capitalisme et pour la réappropriation de l'espace urbain. Zelda est en elle-même une lutte anticapitaliste : contre l'emprise du capitalisme de plus en plus sensible sur nos vies, et contre les effets de cette emprise - à partir de l'enjeu qu'est l'espace urbain. Il s'agit en effet de soustraire (et de démontrer en acte la possibilité de soustraire) le logement à la logique capitaliste - qui, dans ce domaine, prend la forme de la spéculation immobilière. Il s'agit de briser le cercle spéculatif, reposant sur la réduction de la valeur d'un bien à sa valeur marchande, en se le réappropriant et en l'organisant sur la base de la valeur d'usage. D'où la volonté de loyers modérés, qui prend en compte la réalité du coût d'une habitation (construction, entretien, charges, etc.) mais qui refuse à entériner la logique du « surcoût » auquel correspond d'habitude la plus-value réalisée par le propriétaire / investisseur immobilier. Ces loyers calculés en fonction de la valeur d'usage doivent, en outre, permettre 1/ d'accueillir au sein de ce type de lieu des individus diversement fortunés, donc de lutter contre la « gentryfication » urbaine et 2/ une fois le bien remboursé, financer d'autres projets du même type pour élargir et multiplier les espaces ainsi placés comme autant de contre-pouvoirs à la logique capitaliste.
Une lutte renouvelée : subversion et contre-pouvoirs
Il s'agit là d'un projet où la lutte prend d'autres formes que la diffusion de discours abstraits, ou la résistance frontale : la subversion et le détournement visant l'émergence de pôles de contre-pouvoir. La logique est de faire jouer, non seulement dans le discours mais dans le concret, les contradictions du système, afin de faire avancer nos idées et nos pratiques. Soit, en l'occurrence : de réutiliser à notre profit un certain nombre de dispositions juridiques, de faire jouer certains aspects de la démocratie libérale contre la logique socio-économique capitaliste. Réinvestir une forme, pour en changer la substance. Ce mécanisme de subversion est inscrit dans une logique du contre-pouvoir : il s'agit, à partir de la conquête ou de la construction de pôles en rupture avec la logique du système global, de diffuser un mode d'être, d'agir et de penser - par le discours, par l'exemple et par la pratique. En assumant certaines limites (maintien de la monnaie), mais en démontrant pratiquement que, à l'heure où la propagande libérale affirme la nécessité de l'ordre social, l'avenir est ouvert et peut être différent. Car Zelda n'est pas seulement une Taz (Temporary Autonomous Zone), mais une Paz (Permanent Autonomous Zone, cf. H. Bey), qui joue dans les interstices et les contradictions du système pour faire avancer et multiplier les espaces animés par les idées et les pratiques d'autonomie et d'autogestion.
Une lutte en réseau, du local à l'international
Cette dimension de lutte est bien réelle : la meilleure preuve en est la réaction des promoteurs immobiliers en Allemagne, qui cherchent à déstabiliser le Miethäuser Syndikat dont le développement gêne leurs projets. Le Miethäuser Syndikat est une structure allemande née des milieux squat désirant « légaliser » leurs lieux tout en gardant l'idée d'autogestion et de non propriété individuelle. Il relie une vingtaine de projets achevés et une dizaine d'autres en cours. La structure élaborée en Allemagne, adaptée au contexte français, est à la base de Zelda, et plus largement du réseau de projets du Clip. Celui-ci propose une structure juridique qui permet de sécuriser les projets collectifs afin qu'ils ne soient pas revendus - ce qui garantit leur pérennité au-delà des volontés individuelles. Concrètement, le titre de propriété n'est pas en propre aux mains des habitants du lieu mais dans celle d'uns société à responsabilité limitée : une SARL. Cette société est constituée de deux associés : l'association des usagers et le Clip. Sur certains points essentiels (revente des locaux, fragmentation en propriétés individuelles), le Clip possède un droit de vote, au même titre que l'association des habitants : un changement de statut ne peut se faire qu'avec l'accord des deux associés. Afin de garantir aux habitants une réelle autogestion de leur lieu, le droit de vote du Clip est limité à ces quelques questions fondamentales ; sur toutes les autres, seule l'association des usagers est décisionnelle. Le premier projet du réseau Clip a commencé il y a plus de quatre ans et ses membres ont déjà acquis une certaine expérience des difficultés que représentent un tel projet, tant sur le plan financier sur le plan juridique. Sur le plan pratique, bien qu'il s'agisse d'un projet essentiellement tourné vers l'habitat nous avons déjà pu échanger et partager des savoirs faire. On peut espérer que d'ici à la réalisation, d'autres projets auront rejoint le réseau qui permettra de créer une vraie dynamique. Au-delà du simple échange de connaissance et de moyens financiers, les différents projets seront autant d'expérimentation d'un mode de vie alternatifs qui amèneront des questionnements politiques, et sur lesquels nous pourrons échanger. Enfin, cette forme de lutte, qu'on peut rapprocher des luttes urbaines existant ou ayant existé dans le monde (du Canada à l'Italie, en passant par la Hollande ou l'Allemagne), entend s'ouvrir sur de nouveaux milieux. Milieux militants, d'abord : ce lieu pourrait devenir un carrefour pour à la fois des organisations radicales et des individus inorganisés ; milieux sociaux, également, avec l'intégration dans la zone d'habitat d'individus à la fois militants et non militants, et l'intégration dans la zone d'activité de la population locale et/ou porteuse d'actions non directement militantes. D'où l'importance accordée à l'ouverture croisée aux milieux politiques et aux milieux culturels / socioculturels.
Un lieu global : habitation, activités et publicité
Zelda n'est donc ni (juste) un lieu d'habitation alternative, ni (juste) un lieu d'activités et de propagande politique. Sa spécificité, ce qui en fait l'intérêt par rapport à d'autres lieux déjà existants, est précisément d'affirmer et d'incarner la complémentarité entre alternative et résistance. Et, parce que nous voulons un lieu ouvert sur l'extérieur, devra s'y ajouter un espace spécifique dédié à assurer la publicité du projet, autrement dit l'ouverture et l'interface avec le public - aussi bien militants qu'habitants locaux. A ces trois fonctions - alternative, activité et publicité - doivent correspondre trois zones (dont la description ne peut qu'être indicative pour l'instant, et sera précisée en fonction des volontés et des capacités des individus souhaitant s'y intégrer) : - une zone d'habitation, autogérée par les habitants du lieu. Outre quelques espaces communs à l'ensemble des habitants (buanderie, salon / salle de réunion, cuisine collective…), cette zone sera divisée en appartements afin de favoriser la diversité des modes de vie choisis par les habitants. Chaque appartement sera organisé sur le modèle de 2 à 4 pièces privatives partageant un bloc commun salon - cuisine - sanitaires ; il pourra abriter aussi bien des individus en colocation que des couples ou des familles. - une zone d'activités, ouverte aux associations et individus désireux d'y monter des projets ou d'y tenir des activités plus ponctuelles, et gérée par les acteurs investis durablement sur le lieu. Aucune exclusive n'est a priori posée sur le type d'activité proposée, ni, dans le respect des principes généraux du lieu, sur la « couleur » politique des acteurs impliqués. - une zone de publicité, directement ouverte sur l'extérieur, servant d'interface entre le lieu et le « grand public », et plus généralement visant à diffuser les idées et pratiques animant le projet Zelda. Pour des raisons pratiques et techniques auxquelles nos expériences passées nous ont sensibilisés (nécessité d'assurer une ouverture quasi permanente et spécialisation de certains aspects, tels que comptabilité, gestion des stocks, etc.). , cet espace sera sous la responsabilité permanente d'un individu chargé de le faire vivre, ( Chacune de ces zones sera autonome, et devra s'organiser selon les modalités choisies par ses membres. Mais chacune devra également s'intégrer dans la gestion globale du lieu, pour traiter toutes les questions concernant les différentes zones ou les rapports entre elles : réunion qui formera l'assemblée des utilisateurs, instance décisionnelle et régulatrice du lieu.
Ouvrir un espace par et pour la convergence
ZELDA sera le lieu de ceux qui l'habiteront ou qui le feront vivre et, hormis quelques grands principes indiscutables, prendra la forme que ceux-ci décideront de lui donner. Notre objectif est d'intégrer autant que possible les futurs habitants dès le montage concret du projet, afin que ce lieu soit celui de tous ceux et de toutes celles qui se seront réellement investis dans le processus de réalisation de ce projet. Pour ce faire, nous adoptons la forme d'un collectif d'individus, organisé sur deux bases : l'accord avec le projet global, et le respect de la charte de fonctionnement élaborée pour réguler ZELDA. Parce que ZELDA est une lutte en soi, nous considérons qu'il existe dès lors qu'il y a un certain nombre d'individus qui se réunissent pour mener cette lutte collectivement - donc dès avant l'installation concrète dans le lieu.