thème : sexisme
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mercredi 26 mai 2010 à 19h

Lancement du livre d'Adrienne Rich

"La contrainte à l'hétérosexualité et autres essais".

En présence de

  • Francoise Armengaud,
  • Christine Delphy et
  • Rina Nissim

Cet ensemble de traductions donne l'occasion de faire découvrir aux lectrices et lecteurs francophones une large sélection d'interventions publiques et d'essais rédigés par Adrienne Rich, l'une des figures majeures du féminisme aux Etats-Unis, théoricienne engagée, poète et essayiste.

Dans son essai sans doute le plus célèbre - « La contrainte à l'hétérosexualité et l'existence lesbienne » - Adrienne Rich renverse les perspectives habituelles : au lieu de voir l'existence lesbienne comme marginale et déviante, elle choisit de problématiser l'hétérosexualité comme quelque chose qui ne va pas de soi. Dans cette remise en cause des évidences naturalistes patriarcales, elle se demande comment les femmes sont contraintes aux normes hétérosexuelles, et comment l'institution politique de l'hétérosexualité féminine, clef du maintien de la suprématie masculine, se perpétue. Une des originalités d'Adrienne Rich a été aussi d'avoir développé dans ce texte le concept de « continuum lesbien ». Elle nous fait réfléchir à la situation que les femmes auraient, si leurs désirs étaient libérés de la contrainte à l'hétérosexualité et à la procréation. Cet essai avait déjà été traduit par Christine Delphy et Emmanuèle de Lesseps et fut publié en 1981 dans le premier numéro des Nouvelles Questions Féministes. Depuis 1981, aucun texte d'Adrienne Rich n'avait été traduit et publié en français.

Adrienne Rich fait une analyse implacable de la société, de la place des femmes, du colonialisme et du racisme, tout comme de l'autocensure des femmes ou de la séparation entre la sphère privée et la sphère publique. À la suite d'auteures telles que Hannah Arendt et Simone Weil, elle aborde le totalitarisme. Elle insiste sur la nécessité de redéfinir le pouvoir comme vecteur de transformation et d'abandonner la définition qui le rend synonyme d'exploitation et d'oppression. Elle a contribué ainsi à développer un mouvement féministe internationaliste. Elle lie oppression de sexe et oppression de classe et explique comment elle devient lesbienne féministe, d'où elle tire sa force. Elle admire, parmi les féministes, particulièrement les féministes noires, dont les réflexions sur le racisme l'incitent à se demander quelles femmes sont incluses dans le « nous » féministe. Elle fait la critique du capitalisme américain et lutte pour des réformes sociales et contre le racisme.

Pour Adrienne Rich, il n'y a pas de contradiction entre la poésie, la philosophie politique, et la confrontation militante avec une autorité illégitime. Elle plaide pour la reconnaissance de la poésie comme pratique sociale, et appelle à « une poétique engagée qui endure le poids de l'inconnu, du non repéré, du non réalisé ». Dans sa prose, elle fait longuement référence à la poésie et à la posture du poète engagé en relation avec de nombreux autres poètes.

Dans ce recueil : « Ce qu'il nous faut pour œuvrer : le monde commun des femmes » (1976), « Les femmes et le sens de l'honneur - Réflexions sur le mensonge » (1977), « Revendiquer un enseignement digne de ce nom » (1977), « Qu'est-ce qu'une femme a besoin de savoir ? » (1979), « La contrainte à l'hétérosexualité et l'existence lesbienne » (1980), « Notes pour une politique de la situation » (1984), « Les arts du possible » (1997), « La poésie et le domaine public » (1997), « La poésie et le futur oublié » (2007).

Une co-publication Editions Mamamelis et Nouvelles Questions Féministes. Traduit de l'anglais (États-Unis) par Françoise Armengaud, Christine Delphy, Lisette Girouard et Emmanuèle de Lesseps

Source : http://www.violetteandco.com/librairie/articl...
Source : http://letohubohu.free.fr

Lien : https://paris.demosphere.net/rv/13102