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jeudi 8 avril 2010 à 20h30

Projection "Louise Michel la rebelle "

et débat sur édition indépendante

La séance du jeudi 8 avril à 20h30 à Utopia Saint-Ouen sera suivie d'une rencontre avec Francis Combes, directeur des Editions LE TEMPS DES CERISES.

« Splendeur et misère de l'édition indépendante »:
soirée organisée en partenariat avec le Salon du Livre de Cergy-Pontoise ( du 8 au 10 avril au Centre commercial des 3 Fontaines. www.salondulivre95.fr )


Louise Michel la Rebelle

Solveig ANSPACH - France 2009 1h30mn - avec Sylvie Testud, Nathalie Boutefeu, Bernard Blancan, Alexandre Steiger, Augustin Watreng, Eric Sauvion...

Du 08/04/10 au 20/04/10

LOUISE MICHEL LA REBELLEElle est pour ceux qui, parmi nous, ne supportons que la couleur noire sur un drapeau, notre mère à tous. Celle dont la mémoire nous redonne jour après jour espoir et courage dans les luttes. Celle qui, dans sa conviction, n'eut jamais peur ni de la maréchaussée, ni de l'enfermement, ni de la mitraille, et qui nous incite à en prendre de la graine, nous les petits militants du xxie siècle, terrifiés à la première charge de CRS. Et pourtant son empreinte est telle que son nom s'affiche ostensiblement sur le fronton de certains lycées, aux plaques de quelques squares. Son parcours est étonnant : bâtarde d'un châtelain, éduquée dans l'esprit des Lumières, elle fut l'incarnation même, en tant qu'institutrice jusqu'en 1870, des hussardes de la République laïque…

Convaincue dès les années 1860 aux idées socialistes blanquistes, proche de Victor Hugo (la rumeur leur attribue même une liaison), elle se radicalisa durant la Commune, quand le peuple se souleva à la fois contre l'envahisseur prussien et ceux qui avaient trahi la France, et qui s'étaient réfugiés à Versailles autour du président Thiers. Contrairement à l'image parfois édulcorée qu'on veut donner d'elle, elle fut une des plus bagarreuses, proposant même, ce qui ne fut pas accepté par ses camarades, d'aller tuer Thiers de ses propres mains.
Arrêtée après avoir vu l'amour de sa vie, Théophile Ferré, fusillé, elle demanda qu'on la condamne à mort. Finalement on l'envoie en déportation au bagne de Nouvelle-Calédonie, plus clément que celui de Guyane.
Et c'est à partir de là que commence le film de Solveig Anspach. On avoue que le parti pris de n'avoir choisi que de traiter les années de déportation (1873-1880) nous avait quelque peu dérouté. Finalement on a compris rapidement que c'était un excellent choix. Car loin de tout, mais en compagnie de ses compagnons communards, dans un univers faussement paradisiaque dont la mise en scène rend bien le cruel isolement, Louise Michel, dans l'apparente inaction, va construire sa réflexion et son engagement anarchiste, notamment aux côtés de Nathalie Lemel, militante anarchiste et féministe avec qui elle commence par refuser tout traitement de faveur par rapport aux hommes, menaçant au besoin de se suicider. Mais le contexte de la Nouvelle-Calédonie est aussi passionnant, parce qu'alors que la plupart de ses compagnons communards croient au rôle civilisateur de l'homme blanc, Louise Michel va y forger sa conscience anticoloniale, s'efforçant de comprendre la culture des Kanaks, apprenant leur langue, leur enseignant le français pour mieux se défendre de l'occupant, et finissant par soutenir la révolte sanglante de 1878, ce qu'elle regrettera partiellement parce qu'elle sera l'occasion d'une terrible répression aboutissant à la décapitation du chef Ataï, dont la tête fut rapportée en trophée à Paris. Louise Michel, au contact d'une nature luxuriante, se découvre même, avant tout le monde, une passion pour l'équilibre écologique.

Louise Michel devra son retour en France, précédé de deux années où, libérée du bagne, elle exerça comme institutrice à Nouméa, faisant entrer pour la première fois des Kanaks à l'école de la République, qu'à l'obstination de Hugo, qui lui avait dédié un poème, « Viro Major », et au jeune maire de Montmartre, un certain Georges Clémenceau, qui fit amnistier les Communards (un peu comme si un Montebourg, se mettait à défendre Jean-Marc Rouillan).
Evidemment la force du film ne serait pas la même si Louise Michel n'était pas incarnée par une de nos actrices fétiches, Sylvie Testud, splendide de dignité et d'énergie. A la fin du film, la réalisatrice Solveig Anspach, qui est toujours là où ne l'attend pas (elle a réalisé Haut les cœurs, un splendide portrait de femme face au cancer incarnée par Karin Viard, et plus récemment Back Soon, une comédie délirante pro marijuana), nous a encore délicieusement surpris.

Source : http://www.cinemas-utopia.org/saintouen/index...

Lien : https://paris.demosphere.net/rv/12617