mardi 16 février 2010 à 9h30
Journée sur le devenir des arts à l'université à l'heure de la LRU
https://paris.demosphere.net/rv/12086
Amphi X Université Paris 8 Métro ligne 13 : Saint-Denis Université
- 9h30 – 11h30 : Étudier et enseigner les arts et la philosophie à l'heure de la LRU
- 12h30 – 14h : Une communauté universitaire éclatée : de l'avenir des personnels universitaires en général et de l'introduction du management en particulier
- 14h30 – 16h30 : Vous avez dit excellence ? Débat autour de l'avenir des disciplines artistiques à l'université
- A partir de 17h : Concerts et AG festive.
Venez nombreux échanger, partager, discuter !
Une journée de débats organisée par l’UFR Arts, Philosophie et Esthétique Dès sa fondation, en 1969, l’Université de Vincennes a porté un projet impliquant une association permanente entre recherche, enseignement et création. Il s’agissait tout autant de produire un savoir sur la puissance d’émancipation des arts, des lettres ou des sciences, que d’insuffler au sein de chaque discipline des pratiques impliquant des sujets propres à expérimenter par eux-mêmes cette puissance d’émancipation. Les contours mêmes des disciplines ont connu des déplacements significatifs et ce n’est pas sans raison si Paris 8 a été une université pionnière quant à la création de départements nouveaux.
L’histoire de notre UFR s’inscrit de plain-pied dans ce combat, notamment dans le souci qu’ont les disciplines artistiques et la philosophie de faire que la création soit considérée comme une activité universitaire, pleinement intégrée dans le champ de la recherche, au même titre que toute activité de théorisation ou de critique. Revendiquer une place centrale pour la création et les pratiques artistiques au sein de notre UFR a consisté –et consiste toujours- à exiger la reconnaissance de la réalité ontologique de notre pratique universitaire ; tant pour ce qui concerne nos activités de chercheurs que d’enseignants, les unes et les autres reposant sur le postulat fondamental que les étudiants ne sont pas là pour recevoir un savoir académique, mais pour construire un parcours original, qui les conduit à terme à un acte de création, qu’il s’agisse de la réalisation de pratiques artistiques ou bien de création théorique.
Forum de la matinée (9h30 – 11h30)
Étudier et enseigner les arts et la philosophie à l’heure de la LRU La relation pédagogique qui, au sein du Centre expérimental de Vincennes, a initié l’histoire de notre UFR, s’est ainsi pensée, déployée, autour de confrontations dont l’égalité et la liberté étaient les enjeux. Non seulement car, issu des mouvements de mai 68, ce projet ambitionnait de repenser radicalement les relations entre enseignants et étudiants, mais car la qualité même des recherches et des créations qui s’y menaient impliquait qu’une telle communauté puisse émerger. Quarante ans après, alors que les instances ministérielles ne cessent de vouloir rapporter tout enseignement à une inscription professionnelle validée par le marché, alors que ce nouage entre recherche et enseignement devient en chaque réforme plus difficile à tenir, alors que création et pratique artistique sont suspectes aux yeux des savants de la norme administrative, alors que la liberté pédagogique tend à être de plus en plus encadrée sous le règne d’une autonomie garrottée, alors qu’on assiste à un souci de placer l’autorité partout où était expérimenté un possible de l’égalité… Qu’en est-il de ce projet qui a assuré à notre université une part importante de sa réputation internationale ? Qu’en serait-il de la place de la philosophie et des arts dans notre université si l’enseignement n’était plus qu’une affaire de transmission ? Derrière ces questions, des débats essentiels doivent être rouverts, notamment autour des questions de sélection, de statut des étudiants, de parcours qui à être trop fléchés en deviennent stériles, des déterminations administratives qui ont toujours tendance à prendre le dessus sur la singularité des recherches et des créations. Enseignants, étudiants, personnels administratifs, il ne suffit pas d’être mû par de bonnes intentions pour résoudre ces questions. Elles nous travaillent sans cesse et impliquent une réflexion commune qui ne saurait elle-même advenir sans que les réformes actuelles soient analysées et critiquées.
Forum du midi (12h30 – 14h)
Une communauté universitaire éclatée : de l'avenir des personnels universitaires en général et de l'introduc- tion du management en particulier Cette réflexion sur l’objet du travail universitaire – l’enseignement et la recherche – pour complexe qu’elle soit, ne saurait s’élaborer hors d’une autre analyse, celle des modalités du travail de tous ceux qui oeuvrent à l’université : enseignants et enseignants chercheurs, personnels techniques et administratifs, étudiants. Les réformes successives se sont aussi employées à dénouer le lien initial entre l’organisation du travail et son objet premier, se donnant désormais elles-mêmes comme objet central du travail des personnels universitaires et faisant perdre progressivement le sens même de la communauté universitaire. Comment la structure politique et administrative de Paris 8, garante de la démocratie, a-t-elle évolué ou été malmenée par les réformes successives ? Comment vit l’ensemble du personnel et des étudiants, au quotidien du travail, à l’intérieur de cette structure ? Il s’agirait de réinventer l’usage de la démocratie (qui décide des modalités du travail ?) malgré la bureaucratisation imposée par la LRU et les précédentes réformes ; amorcer l’analyse de l’impact des réformes successives sur le quotidien de l’ensemble de la communauté , réinvestir les liens entre les différentes strates du travail (notamment administratif) et mettre en place de nouveaux outils pour penser le travail en commun. Renverser, donc, la logique écrasante des normes imposées pour reprendre l’initiative de l’invention du travail.
Forum de l’après-midi (14h30 – 16h30)
Vous avez dit excellence ? Débat autour de l'avenir des disciplines artistiques à l'université La question nous est posée aujourd’hui de savoir si la démarche initiée dans notre UFR depuis sa création est un frein à la recherche et aux enseignements "théoriques" ? Nous ne le pensons pas, et sommes toujours confrontés à la nécessité d’en faire la démonstration, de faire vivre cette position qui n'est pas celle de l'académisme sur la question de la recherche. Cette position qui refuse la dichotomie entre pratique et théorie, entre création et théorie, est la base de notre unité et, à ce titre, mérite d’être tout autant d’être défendue qu’interrogée. Position qui fait de nous des "universitaires" qui ne pensent pas que sans eux le sens d'une oeuvre ne surgit pas. Position qui fait que les instances de l'académisme, au double sens du terme, ne sont pas notre fort. Enseigner des savoirs et des savoirs-faire, lier pratique et théorie, faire vivre la recherche et la création, tel est le postulat de base qui anime, sous des variantes propres à chacun, les départements de notre UFR. La question n'est pas celle de la théorie, mais de l'endroit d'où l’on pense, d’où l’on réfléchit, de la théorie armée de concepts importés ou des pratiques de création, notre discours est spécifique, car il se nourrit aussi de cette proximité inédite avec les oeuvres et les pratiques artistiques. Oui, la recherche et la pratique interagissent de façon positive, car le regard que nous portons sur les oeuvres nous est propre et que par ailleurs, à l’instar de ce qu’énonce Jean-Luc Godard dans le(s) histoire(s) du cinéma, nous pensons que les formes artistiques pensent. Dans ce contexte, la spécificité de nos approches comme notre refus des académismes tendent parfois à nous marginaliser et les évaluations que nous subissons sont souvent teintées d’incompréhension , voire de défiance à l’égard de nos pratiques. Comment tenir dans ce système où l’évaluation bibliométrique prévaut ? Comment résister aux évaluations individuelles quand nos pratiques de recherches ou de création sont souvent collectives ? Comment valoriser la diversité et la qualité de nos travaux plutôt que le tout quantitatif ? Nombreux sont les défis que nous aurons à relever pour maintenir ce qui relève autant de notre identité que de nos exigences tant pédagogiques que scientifiques.
Source : liste de diffusion Prep.Coord.Nat., reçu le 11 février 16h
Source : http://www.fabula.org/actualites/article35535...