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samedi 14 novembre 2009 à 14h30

2 parties : 1 2

TEJE - Théatre Forum sur les faux positifs

Assassinats politiques et répression en Colombie

Contact : Site Internet

Dans le cadre de la semaine de la solidarité internationale,

TEJE (www.teje.fr) organise un theatre Forum ( theatre de l'opprimé) sur les Faux Positifs en Colombie.

Source : http://colombieparis.e-monsite.com/agenda-voi...


Les "FALSOS POSITIVOS"

Le phénomène des Falsos Positivos [faux-positif]

Depuis qu’Uribe a pris ses fonctions à la présidence de la Colombie, le conflit social et armé que connaît le pays s’est profondément transformé. S’il s’était déroulé jusque là dans les campagnes et les montagnes, il est arrivé dorénavant dans les grands centres urbains.

Qu’est-ce qu’un “falso positivo” ?

Dans le jargon militaire colombien, un «faux-positif», c’est la mise hors combat d’un membre de la guérilla par arrestation ou élimination physique. Mais en réalité, c’est de la persécution politique. Les victimes de l’armée, avant d’être montrées au grand public, sont au préalable revêtues de tenues de combat, pour être ensuite présentées comme des guérilleros éliminés lors d’affrontements armés. Ce qui, selon le Droit Humanitaire, est une action de guerre légitime. Mais ce ne sont pas des guérilleros, ce sont des personnes que le gouvernement suspecte d’avoir fait partie ou de faire partie de mouvements clairement opposés au régime actuel; ou des marginaux, considérés inutiles pour la vie économique du pays, comme les  voleurs, les clochards, les prostituées, les enfants abandonnés, etc.

Grâce à la campagne menée par les organisations sociales et les défenseurs des Droits de l’Homme en faveur des victimes pour que la population civile sache qu’il ne s’agissait pas de guérilleros mais de civils, les familles ont surmonté leur peur et ont porté plainte.

La presse a ensuite rendu publiques les atrocités que les forces de l’ordre avaient commises. Le monde entier savait maintenant que le pays ne respectait pas le Droit International Humanitaire, puisqu’il fermait les yeux sur l’assassinat de civils. Cependant, personne n’a réagi et personne n’a empêché l’armée de continuer à perpétrer ces crimes. L’Etat a promis que justice serait faite. Mais pouvons-nous réellement espérer une quelconque justice en Colombie?

Selon les études réalisées par le CINEP[1], les «faux-positif» ont été tués pour trois raisons fondamentales :

1. Persécution politique

2. Intolérance sociale

3. Abus de pouvoir

Ce qui viole complètement les Droits de l’Homme. Le gouvernement n’hésite pas non plus à recourir aux exécutions extrajudiciaires, aux homicides volontaires de personnes protégées, à la torture, à provoquer des lésions, des menaces individuelles et/ou collectives, des disparitions forcées et à utiliser des civils comme bouclier humain.

Présentation de deux cas pour illustrer le phénomène des «faux-positif»

  • Cas n°1. Bogotá. 20 novembre 2008

L’armée est arrivée à Soacha le 20 novembre 2008, une ville populaire de la banlieue de Bogota, elle a ensuite enlevé 11 jeunes, les a assassinés et les a ensuite fait passer pour des terroristes. Leurs corps ont été retrouvés criblés de balles. Mais cette fois le scandale a été dévoilé et Uribe a dû chasser de l'armée une vingtaine de soldats et gradés qui avaient participé à ce crime. En Colombie, de tels actes se multiplient. Les soldats qui tuent des guérilleros reçoivent des avantages, des primes, des jours de congé ; alors, quand on n'a pas de guérilleros sous la main, on en fabrique, on attire des jeunes en leur proposant du travail, et le tour est joué... l'horreur !

  • Cas n°2. Vereda Sizara. 16 Octobre 2008

Des militaires du bataillon de contre-insurrection 65 et de la brigade n°16 ont exécuté l’agriculteur Marco Tulio à la Vereda Sizara. Selon trois témoins, ils sont arrivés chez lui vers 15h et ont simulé un affrontement, un peu plus loin. Ensuite, ils lui ont mis un uniforme et ont troué sa peau pour que les orifices de l’uniforme coïncident avec les impacts de balle. Puis, ils l’ont présenté comme un guérillero mort au combat. Mais selon la version officielle, Marco Tulio a été tué parce qu’il aurait lui-même tué un officier durant un affrontement avec des militaires et d’autres officiers de l’armée, sur le lieu du crime. Marco Tulio avait à peine trente ans, il a laissé derrière lui une femme et deux petites filles.

Des cas comme celui de Marco Tulio sont nombreux en Colombie. Le gouvernement a répondu à la pression effectuée par l’opinion publique après la publication des onze cas du Soacha, en destituant certains officiers de l’armée. Le 30 octobre 2008, 27 officiers furent destitués ; en janvier 2009, 10 autres et un sous-officier de bataillon La Popa, de la côte atlantique, furent destitués après que des plaintes aient été enregistrées dans le département nord-occidental de César.

Le Ministre de la Défense, Juan Manuel Santons, a nié avoir eu connaissance de cette affaire. Pourtant, depuis le mois d’octobre 2008, de nouveaux cas ont été signalés. Le phénomène ne s’est pas arrêté. Le 16 octobre 2008, un autre cas a été dévoilé à Tamara – Casanare ; un autre le 25 octobre à Leguizamo – Putumayo et, enfin, le 26 décembre à Monteria – Cordoba. Toutes ces personnes avaient un même dénominateur commun, être une victime de l’Etat.

En conclusion, nous pouvons affirmer que les «faux-positif» sont une constante dans l’histoire du pays, qui se pratiquait bien avant 2002 mais c’est depuis que les onze cas Soacha ont été dévoilés que les tactiques du Président Uribe en matière de « sécurité démocratique » apparaissent plus clairement.

Enfin, et pour conclure, un important dilemme se dessine avec la politique de réparation et réconciliation des victimes du conflit armé. Etant donné que, dans ce conflit, l’Etat est le bourreau, la réconciliation entre bourreau et victimes ne peut se faire. A moins de jouer à un vilain jeu, dans lequel aucune légitimité ne compte pour arriver à un processus de paix, du moins pas jusqu’à ce que les crimes perpétrés par le gouvernement ne soient pardonnés.

Adriana Naranjo

[1]              CINEP, Le CINEP, Centre de Recherches et d’Education Populaire est une association colombienne créée en 1972 par les jésuites. Elle a pour objectif de promouvoir un développement humain intégral et durable. CINEP a développé une école de pensée sur la réalité sociale et culturelle colombienne

Source : http://colombieparis.e-monsite.com/rubrique,l...

Lien : https://paris.demosphere.net/rv/10094